Face aux narcotrafiquants toujours plus puissants, le ministre de l'Intérieur Laurent Nunez et le ministre de la Justice Gérald Darmanin se rendent à Marseille ce jeudi pour faire un point d'étape dans la lutte contre les trafics dans la ville. Mais dans les équipes marseillaises, la principale inquiétude est sur le manque de moyen, jugé alarmant face à l'ampleur des trafics.
Alors que les narcos semblent de plus en plus puissants et décomplexés, l'État se donne-t-il réellement les moyens de leur tenir tête ? Sur le terrain marseillais, les forces de l'ordre se plaignent de rencontrer des obstacles humains et matériels décourageants.
Les services d'enquête manquent de tout. Situation décourageante dénoncée par ce policier spécialisé dans les affaires de stups : "On a mis du policier dans la rue. Ça c'est très bien pour la population sauf qu'il faut équilibrer (avec les enquêteurs). Je vois mes collègues de la PJ crim, un service d'élite, ils sont au bord du burn-out. Et je ne vous montre pas les conditions de travail, pas de clim ni de chauffage", insiste-t-il au micro d'Europe 1.
Un manque de moyen alors même que les dossiers narco explosent : 2.000 personnes sont actuellement mises en examens ici
pour les seules affaires de drogues. Les services sont en sur-régime poursuit-il : "On fait des horaires de fous, on n'a pas de reconnaissance de la hiérarchie. On rentre à la maison avec les dossiers et on dort avec. On a des responsabilités rop importantes et dès qu'on fait une connerie on va en prison ! On en a marre !" s'emporte-t-il.
Rééquilibrer le bras de fer
D'autant qu'en face, policiers et magistrats font face à des gangs puissants et organisés, mais avec un point faible qu'exploite de plus en plus le procureur adjoint Pierre-Yves Lourgouilloux : l'argent. "En réalité on a affaire à des entreprises qui ont besoin de fonds de roulement, de trésorerie pour payer des salariés, faire des investissements ou acheter de la matière première. Donc, plus on va leur faire mal à ces organisations en les privant de leur patrimoine, et plus on va rendre difficile leur activité. Mais il ne faut pas tomber dans les travers de ne s'intéresser qu'aux affaires qui vont nous rapporter" détaille-t-il.
Plus de 40 millions d'euros d'avoirs criminels ont été saisis par le tribunal judiciaire marseillais en 2024. Et le procureur relève une tendance tout sauf anodine : les malfaiteurs contestent beaucoup plus les confiscations que les peines de prison.