Les propos d'Emmanuel Macron font réagir certains partis politiques. / Crédit photo : BENOIT TESSIER / POOL / AFP 2:05
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Jacques Serais avec AFP / Crédit photo : BENOIT TESSIER / POOL / AFP , modifié à
"Inexcusable" pour Emmanuel Macron, "un problème de racisme" pour certains à gauche : la classe politique s'est emparée du drame de Nanterre, où un adolescent a succombé au tir à bout portant d'un policier, Marine Le Pen dénonçant une réaction "irresponsable" du chef de l'État et appelant à la prudence.

À Marseille où il était en déplacement, Emmanuel Macron s'est voulu implacable, déplorant un drame "inexplicable" et "inexcusable", qui a provoqué "l'émotion de la Nation toute entière". Nahel, jeune automobiliste de 17 ans, a été tué mardi matin à Nanterre. Une vidéo, authentifiée par l'AFP, a montré qu'un des deux policiers le tenait en joue, puis a tiré à bout portant.

Des "images choquantes" qui "montrent une intervention qui n'est manifestement pas conforme aux règles d'engagement de nos forces de l'ordre", a fustigé la Première ministre Elisabeth Borne lors des questions au gouvernement au Sénat. Un peu plus tôt, elle avait fait valoir "une exigence absolue de vérité" dans cette affaire pour laquelle la défenseure des droits s'est saisie d'office.

Un appel au calme lancé par le gouvernement

Après une nuit de violences urbaines, notamment à Nanterre, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a également lancé "un appel au calme", à l'issue du Conseil des ministres. Selon l'un des participants, le ministre de l'Intérieur a fait une "communication non prévue" sur cette affaire à la fin du Conseil, ce qui est "rare", "montre la sensibilité de la situation" et "l'attention qu'on y accorde".

Gérald Darmanin a par ailleurs indiqué qu'il allait saisir la justice après un tweet de Syndicat France Police, proche de l'extrême droite, qui avait justifié la mort de la victime, qualifiée de "jeune criminel de 17 ans".

Après cette publication "inacceptable et abjecte", le ministre a également demandé à ses services "d'étudier les modalités d'une dissolution de ce groupuscule", répondant indirectement au député LFI François Ruffin qui avait formulé une requête en ce sens.

Une minute de silence à l'Assemblée nationale

Car c'est à gauche que l'indignation la plus forte s'est fait entendre après le drame. La patronne d'EELV, Marine Tondelier a évoqué "l'exécution sur la voie publique par un policier" d'un "gamin de 17 ans", dénonçant à la fois "une 'américanisation' de la police" et "un problème de racisme" dans ses rangs.

 

"Assez ! Ces meurtres engagent l'autorité de l'État ! Cette police doit être entièrement refondée, ses meurtriers punis", a embrayé dans un tweet le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. Le groupe LFI à l'Assemblée nationale a rappelé avoir demandé en décembre une "commission d'enquête parlementaire sur l'augmentation des décès suite à des refus d'obtempérer".

Alors que l'Assemblée nationale a observé une minute de silence dans l'hémicycle en hommage à la victime, sa présidente, Yaël Braun-Pivet, s'est par ailleurs dite "très soucieuse de l'évaluation des lois". Elle vise en particulier une disposition votée en 2017 qui offre un nouveau cadre d'intervention pour les forces de l'ordre confrontées au délit de "refus d'obtempérer".

"Est-ce que l'acte est inexcusable ?"

"Une fois que (les lois) ont été votées, que deviennent-elles ? Comment s'appliquent-elles ? Est-ce qu'elles ont fixé le bon cadre ?", s'est interrogée la titulaire du perchoir. Le groupe communiste à l'Assemblée a, lui, réclamé l'abrogation pure et simple de ces dispositions. Les représentants du Rassemblement national ont pour leur part invoqué "un drame", une "tragédie", mais ont, Marine Le Pen en tête, épinglé la prise de position d'Emmanuel Macron.

"Est-ce que l'acte est inexcusable ? Est-ce qu'il est inexplicable ? C'est à la justice de répondre", a fait valoir la candidate malheureuse à la présidentielle, en déplorant des propos "très excessifs" et "irresponsables" du chef de l'État. "Le président est prêt à oublier les principes constitutionnels pour tenter d'éteindre un potentiel incendie", a insisté la patronne des députés RN.

Le vice-président RN de l'Assemblée Sébastien Chenu a pour sa part exhorté à "être très précautionneux, surtout ne pas chercher des responsabilités qui n'existeraient peut-être pas ici ou là". "C'est à la justice de faire son travail, et cela ne change en rien le soutien que l'on doit porter à ceux qui nous protègent", a résumé de son côté le président des LR, Éric Ciotti.