En 2015, la mortalité routière a augmenté pour la deuxième année consécutive, une première depuis 35 ans. L'an passé, 3.464 personnes ont trouvé la mort sur les routes, soit 80 de plus qu'en 2014. Le ministre de l'intérieur a ainsi confirmé les chiffres révélés par Europe 1 il y a deux semaines.
La vitesse pointée du doigt. Pourtant, le nombre d'accidents a baissé de 3,6% - près de 2.100 accidents en moins en 2015 par rapport à 2014 - mais ils sont plus violents. "Cela désigne assez clairement la vitesse. Donc lorsque la sécurité routière dit 'il faut que nous parvenions à baisser la vitesse', ce n'est pas une incantation, c'est une réalité des lois de la physique, et c'est bien vers ça que nous devons tendre", estime Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière.
500 nouveaux radars et 10.000 leurres. Le ministre de l'Intérieur évoque donc parmi 26 mesures la mise en place de 500 nouveaux radars, ainsi que de 10.000 leurres, dès le mois prochain. Concrètement, ce seront des zones toujours signalées par un panneau, mais il n'y aura pas forcément de radar. Les conducteurs ne sauront pas s'ils sont présents ou pas. Le but est de leur forcer à lever le pied devant cette incertitude. Grâce à cette mesure, les zones protégées vont quadrupler.
Insuffisant pour les associations. Mais pour les associations, il faut aller beaucoup plus loin. "La mesure la plus importante est le passage de 90 à 80 km/h sur les routes qui ont un double sens de circulation, où il n'y a pas de séparateur médian", alerte Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière. "Si cette mesure était prise, si le ministre avait le courage de la mettre en place, ce sont des centaines de vies qui pourraient être épargnées", prévient-elle.
"Arrêtons de vouloir justifier l'appareil répressif en place". Le délégué général de l'association 40 Millions d'automobilistes, Pierre Chasseray, dénonce quant à lui cette course contre la vitesse. "Un accident mortel sur cinq est imputable à la vitesse. S'orienter et se concentrer uniquement sur la vitesse, c'est laisser de côté 75% des accidents, c'est-à-dire la majorité. Il faut arrêter avec ce discours politiquement correct qui est là uniquement pour justifier la présence des radars sur les routes. Ça n'a pas marché en 2014, ça n'a pas marché en 2015 non plus. Alors évidemment, ça marchera en 2016, parce qu'on sait déjà qu'il y aura moins de tués sur les routes, et tant mieux. Mais arrêtons de toujours vouloir justifier l'appareil répressif en place, juste parce qu'il fait récolter 800 millions d'euros par an". Et Pierre Chasseray de rappeler la situation outre-manche. "Expliquez-moi pourquoi l'Angleterre, qui a fait disparaître 60% de ses radars sur son territoire en cinq ans, a réussi à devenir le meilleur pays européen de la sécurité routière. Nous, en France, on est quatorzièmes", rappelle-t-il.
Le gouvernement, lui, compte sur les nouvelles mesures annoncées cette année et maintient son objectif de descendre sous la barre des 2.000 morts par an sur les routes en 2020.