Un rapport des assureurs de l'usine Lubrizol, à Rouen, a prévenu la direction des défaillances de sécurité au sein de l'entreprise plusieurs jours avant l'incendie du 26 septembre 2019. 1:30
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Pierre Herbulot, édité par Ariel Guez
L'incendie de l'usine de Lubrizol à Rouen en septembre aurait-il pu être évité ? C'est ce que laisse sous-entendre un rapport, publié ce vendredi dans "Le Monde" et Médiapart. Deux semaines avant le drame, les assureurs de l'entreprise ont alerté la direction de plusieurs dysfonctionnements.

"Lors d’un incendie, les conteneurs intermédiaires en plastique fondraient rapidement et le liquide combustible et/ou inflammable se répandrait sur le sol, créant comme un grand feu de piscine". C'est l'extrait d'un rapport choc, publié ce vendredi par le journal Le Mondeet Médiapart, à propos de l'incendie de Lubrizol. Ces lignes, qui décrivent ce qu'il s'est passé à Rouen dans la nuit du 26 au 27 septembre 2019, ont été écrites dans un rapport de l'assureur de l'usine seulement quelques jours auparavant. 

 

La direction de Lubrizol avait connaissance des défaillances depuis 2008

Même constat alarmant pour le dispositif de protection incendie. Deux semaines avant le drame, les "Sprinklers", des extincteurs automatiques au plafond, inquiètent la compagnie d'assurance. L'ensemble du système doit être "renforcé" écrivent les rapporteurs. Ce texte, la direction de l'usine l'a eu entre les mains trois jours avant l'incendie. Mais, selon Médiapart, les assureurs de Lubrizol, FM Global, ont dès 2008 alerté sur les possibles défaillances du système anti-incendies. 

 

"L'entreprise n'a pris aucune des mesures qui étaient demandées par les assureurs"

Pour Gérald Le Corre, responsable santé au travail à la CGT Seine-Maritime, la catastrophe aurait pu et aurait dû être évitée. "Ce rapport sera une pièce maîtresse du dossier pénal pour démontrer que l'entreprise avait une parfaite connaissance du risque d'incendie", affirme-t-il au micro d'Europe 1. La direction de l'usine avait dans les mains "un scénario catastrophique écrit à partir d'octobre 2008, et n'a pris aucune des mesures qui étaient demandées par les assureurs pour éviter un feu d'une telle ampleur", dénonce le délégué syndical. 

Dans les colonnes du journal Le Monde, la direction de Lubrizol se défend. "Les équipements du site de Rouen étaient, le jour de l’incendie, conformes à la réglementation en vigueur" expliquent les responsables de l'entreprise, qui affirment avoir investi "plus de 100 millions d'euros dans le domaine de la sécurité", depuis les premiers rapports de 2008.