Loi "sécurité globale" : 133.000 manifestants selon l'Intérieur, 500.000 selon les organisateurs

Des centaines d'opposants à la loi "sécurité globale" étaient rassemblés place de la République, à Paris.
Des centaines d'opposants à la loi "sécurité globale" étaient rassemblés place de la République, à Paris. © THOMAS COEX / AFP
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avec AFP , modifié à
Plusieurs manifestations étaient organisées samedi en France pour protester contre la proposition de loi "sécurité globale" et contre les violences policières. A Paris, 46.000 manifestants étaient rassemblés, selon le ministère de l'Intérieur, tandis que 133.000 manifestants ont été recensés sur l'ensemble du territoire. 37 policiers ont été blessés, selon le ministère.

133.000 personnes ont manifesté dans toute la France, dont 46.000 à Paris, pour protester contre la proposition de loi "sécurité globale" et contre les violences policières, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Les organisateurs évoquent eux 500.000 manifestants sur tout le territoire.

Si les rassemblements se sont globalement déroulés dans le calme, quelques heurts ont éclaté, notamment à Paris, des manifestants ayant dressé quelques barricades face aux forces de l'ordre et jeté des projectiles en marge de la manifestation. 

Des heurts à Paris

Contrastant avec un défilé globalement calme à Paris dans l'après-midi, des affrontements ont opposé manifestants et forces de l'ordre, qui ont utilisé en fin de journée les canons à eau, au point d'arrivée du cortège, place de la Bastille.

Des groupes de manifestants ont formé des barricades et allumé plusieurs feux qui dégageaient de grands panaches de fumée et une odeur âcre. Les feux qui ont touché un kiosque, une brasserie et une façade de la Banque de France ont été maitrisés vers 18 heures, tandis qu'une partie de la place était noyée sous les lacrymogènes.

Un peu plus tôt dans l'après-midi, au croisement du boulevard Beaumarchais et de la rue du pasteur Wagner, dans le 10e arrondissement parisien, plusieurs manifestants vêtus de noir ont renversé une camionnette, utilisé des palissades et autres objets dans un chantier pour faire des barricades. A proximité, plusieurs éléments de mobilier urbain étaient en feu.

La place de la République noire de monde

Certains manifestants se sont munis de pavés, et recevaient des encouragements d'autres personnes chantant le slogan "tout le monde déteste la police". A l'autre bout de la manifestation, la place de la République restait, elle, noire de monde mais dans une ambiance très calme, avec de la musique.

Des manifestations dans plusieurs grandes villes de France

A Bordeaux, plusieurs milliers de personnes, 6.000 selon la préfecture, ont manifesté samedi dans le centre-ville. C’est la plus importante manifestation dans la ville depuis la crise des "gilets jaunes". A Lille, la manifestation a rassemblé entre 1.400, selon la préfecture, et 4.000 personnes selon les organisateurs.

Des incidents en fin de parcours à Rennes

A Rennes, jusqu'à 4.000 personnes selon la préfecture, 5.000 selon les syndicats ont défilé. Des incidents entre manifestants et forces de l'ordre ont éclaté en fin de parcours.

La préfecture fait état de "personnes violentes et déterminées" qui ont commis des "dégradations sur du mobilier urbain et des caméras de vidéo-protection, créé des barricades, descellé des pavés et jeté des projectiles" sur les policiers et gendarmes qui ont "dû faire usage de la force, à plusieurs reprises, toujours avec discernement et de manière proportionnée, pour disperser ces éléments radicaux" qui ont été "repoussés grâce à des tirs de grenades lacrymogènes et à l’intervention d’un engin lanceur d’eau".

Deux CRS ont été blessés et transportés au CHU et "quatre personnes ont été interpellées pour jets de projectiles et transports de produits inflammables".

Gérald Darmanin dénonce "des violences inacceptables"

Sur Twitter, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a condamné "une nouvelle fois les violences inacceptables contre les forces de l'ordre", et fait état de "37 policiers et gendarmes blessés" au cours de ces manifestations. A Paris, son ministère a évoqué 23 policiers blessés. Au total, 18 interpellations ont eu lieu, dont neuf dans la capitale. 

500.000 manifestants selon la coordination StopLoiSécuritéGlobale

La coordination StopLoiSécuritéGlobale, qui rassemble notamment des syndicats de journalistes et des associations de défense des droits humains, fait de son côté état de 500.000 manifestants dans toutes la France, dont 200.000 à Paris.

La coordination a également "fermement" dénoncé les "quelques dégradations et violences à Paris et à Lyon, notamment "des violences contre des policiers sur la place de la Bastille" après la fin de la manifestation. "Nous ne pouvons accepter qu’une poignée de personnes impose par la force leur stratégie de contestation à des centaines de milliers d’autres manifestants pacifiques", a souligné le communiqué. La coordination a par ailleurs affirmé que "ce mouvement n’en est qu'à ses balbutiements".

Droite et extrême droite dénoncent les violences contre les forces de l'ordre

"Comme je l’avais prévu, le jour de réouverture pour nos petits commerçants est gâché, à Paris, par les milices d’extrême gauche. Les Français en ont assez de ces images de saccage permanent", a twitté la cheffe du Rassemblement national Marine Le Pen, estimant que "jamais il n’a été aussi impératif et urgent de remettre la France en ordre".

"Honte à ces racailles. Je n’accepte plus l’effondrement de notre État, si dur avec les citoyens honnêtes et si lâche avec les voyous. Je n’accepte plus ces bureaucrates qui nous conduisent à la tyrannique anarchie. 2022, vite ! 2022, la révolution de l’ordre juste et du bon sens", a twitté le numéro 2 des Républicains Guillaume Peltier, en relayant une vidéo de policiers frappés à Paris par des manifestants.

"Et là on ne s'émeut pas ?", s'est interrogé le patron du groupe LR de l'Assemblée nationale Damien Abad, relayant également la vidéo, en estimant que "la violence d'où qu'elle vienne doit être condamnée et sanctionnée".

La gauche réclame à l'unisson le retrait du texte

La gauche a mis samedi de côté ses divergences pour réclamer à l'unisson dans la rue le retrait de la proposition de loi "sécurité globale". "Aujourd'hui, s'il y a de l'honneur, il doit se trouver dans le retrait du texte et pas dans son maintien", quand notamment "le risque c'est de créer de l'incompréhension et des violences", a affirmé l'ancien président socialiste François Hollande au journal La Montagne. Il n'a toutefois pas manifesté samedi, contrairement à la plupart des responsables de gauche.

Dans le cortège parisien, le député européen EELV Yannick Jadot a demandé qu'Emmanuel Macron "entende" les "garants de l'Etat de droit" et favorise le retrait de la proposition de loi, réclamé aussi par le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, un moment à ses côtés.

Comme le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot a réclamé le départ du préfet de police Didier Lallement "qui incarne toutes ces dérives liberticides", et souhaité que l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) devienne un organisme "indépendant". Jean-Luc Mélenchon a réclamé une "refonte" de la police, quand Yannick Jadot évoquait une "grande loi de protection républicaine" pour les forces de l'ordre.