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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce vendredi, il revient sur l'annonce de Jean-Luc Mélenchon. Le président de la France insoumise s'est déclaré candidat à la présidentielle de 2022 à la condition d'obtenir ses 150.000 parrainages.

La candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2022 est officielle.
Oui puisqu’il a réuni cette nuit les 150.000 Signatures nécessaires pour se lancer. C’est lui qui avait posé cette condition, lorsqu’il a annoncé son intention, dimanche dernier, sur TF1. Un drôle de choix d’ailleurs avec un timing assez décalé par rapport aux préoccupations des Français et à la crise du Covid. Et puis cette histoire des 150.000 signatures, ça faisait un peu gadget de la part de quelqu’un qui revendique 500.000 adhérents à son mouvement.
En tout cas, c’est fait.

Voilà, c’est la fin d’un faux suspense qui aura tout de même duré quelques mois. Car au sein de La France Insoumise, cette histoire ne va pas de soi. La machine s’est un peu déréglée après le dérapage de son leader lors des perquisitions de son domicile et du siège du parti (le fameux "la République c’est moi"). Depuis, le mouvement a trouvé plusieurs occasions de se diviser, autour de l’islamo-gauchisme, ou plus récemment après la mort de Samuel Paty et la mise en cause par Jean-Luc Mélenchon de la communauté tchétchène. Bref, la candidature du leader maximo a fait plus ou moins discrètement débat.

Ce sera sa troisième candidature à la présidentielle.

Ses fidèles rappellent avec gourmandise que François Mitterrand, Jacques Chirac et Joe Biden ont été élus à leur troisième essai. Mais d’ici à ce que ça suffise pour l’emporter, il y a un pas. Car tous ces vainqueurs historiques qu’invoque son clan ont une qualité en commun : ils ont rassemblé au-delà de leur camp. Alors que Jean-Luc Mélenchon, c’est l’inverse : il divise.

Un sondage Elabe vient pourtant de le désigner comme la personnalité qui incarne le plus la gauche.

Oui, mais le même sondage montre que 23% seulement des Français lui reconnaissent une présidentialité, une capacité à occuper le poste. Il inquiète, il clive. Ah oui, il veut bien rassembler la gauche, créer ce qu’il appelle "une majorité d’adhésion". Mais tous derrière et lui devant. C’est aussi pour ça qu’il se lance si tôt dans la course : il faut occuper le terrain que d’autres vont revendiquer. Je pense en particulier aux Verts. Ils n’avaient pas de candidat en 2017, mais après la vague porteuse des municipales, ils ne rateront pas le prochain coche de la présidentielle. Et les relations avec Yannick Jadot sont d’ailleurs tendues.

Et avec les socialistes ?

C’est simple, le patron de La France insoumise déteste le PS, qui le lui rend bien. Non, les socialistes, en ce moment, ont leur regard tourné vers Anne Hidalgo, au motif qu’elle a su rassembler la gauche à Paris. Voilà, avec l’officialisation de la candidature Mélenchon, le scénario de la division de la gauche vient de gagner en crédibilité. Et s’il y en a un qui doit dire un grand merci aux signataires pro-Mélenchon, c’est Emmanuel Macron. Ses chances d’être au deuxième tour en 2022, face à Marine Le Pen, viennent d’un seul coup de faire un grand bond en avant.