Comment les séniors réagissent-ils à la perspective d'un reconfinement ?

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Stéphane Place, édité par Océane Herrero , modifié à
Les personnes âgées craignent une nouvelle période d'isolement, ainsi que l'impact économique d'un reconfinement. 

Alors qu'un reconfinement de plusieurs semaines se profilent pour freiner l'épidémie de coronavirus, les plus réfractaires ne sont pas forcément les jeunes. A Bordeaux, les seniors ne voient pas forcément d'un bon œil cette nouvelle période d'isolement. Edith, octogénaire, regrette au micro d'Europe 1 : "On pense qu'ils veulent nous protéger. Mais on n'a pas envie d'être reconfinés. On peut plutôt prendre des précautions : les masques, la distanciation..." 

 

Christian et Marie-France, septuagénaires et retraités, sont également sceptiques. "Ils disent qu'on est 'à risque'. Mais bon... Déjà que le soir, on ne sort pas, il faut quand même qu'on puisse sortir dans la journée", estime Christian. Son épouse renchérit : "il ne faut pas confiner tout le monde. On fait déjà attention, beaucoup plus que les jeunes". Les seniors ont été nombreux à souffrir d'isolement durant le confinement, qu'ils soient chez eux ou en maison de retraite. Selon un sondage CSA pour l'Association "Les Petits frères des pauvres", 4% des plus de 60 ans - soit 720.000 seniors - "n'ont eu aucun contact avec leur famille durant le confinement". Seulement 1% d'entre eux faisaient état d'un tel isolement avant la pandémie. 

Le dilemme économique

Entre la préservation de l'économie et celle de la santé, Claude aimerait ne pas avoir à choisir : "Pour ceux qui travaillent, cela peut poser problème, juge-t-il. Si personne ne peut travailler, qui va payer nos retraites ?".

Madeleine, retraitée également, va plus loin et propose de ne confiner que les personnes âgées ou fragiles. "Imposer aux jeunes de ne plus sortir pour protéger les vieux" ne lui semble pas juste. "Quand même, nous, on a fait notre vie. On peut nous demander de rester chez nous pour que les autres sortent". Selon elle, ce serait "dans l'ordre des choses". Une position qui est par exemple soutenue par Michèle Delaunay, l’ex-ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’autonomie du gouvernement Ayrault. "Je vais me faire défoncer par mes congénères, les plus de 65 ans : confinons-nous de notre propre initiative ! Prenons chez nous, chaque fois que possible, nos parents très âgés. Il en va de notre liberté et de notre responsabilité de ne pas peser sur l’avenir des plus jeunes", a-t-elle ainsi écrit sur Twitter.

Or cette proposition fait débat, en raison notamment de l'isolement dont les personnes âgées feraient l'objet, à part du reste de la société. Rappelons en outre que la jeunesse d'un patient ne le protège pas forcément d'une forme grave de coronavirus.