Le projet de loi confortant les principes républicains inquiète les représentants des cultes en France. 2:54
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Virginie Riva, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Le projet de loi confortant les principes républicains inquiète les représentants des cultes. Le grand rabbin de France voit notamment dans ce texte un risque de limitation de la liberté de pratique religieuse, tandis que le président de la Fédération protestante dénonce un contrôle excessif de la vie associative pour les cultes.

Débattu depuis lundi à l'Assemblée nationale, le projet de loi confortant les principes républicains (ex-projet de loi sur les séparatismes), inquiète les représentants des cultes en France. Le texte, dont le but affiché est de renforcer l'arsenal contre l'islamisme radical - le "premier des séparatismes" selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin -, est mal vu par les chefs de file français des catholiques, des juifs et des protestants. 

"Les religions ne sont pas des risques potentiels pour la République"

Pourtant, au lancement de ce projet sur lequel Emmanuel Macron joue gros, ces mêmes représentants étaient unanimes sur l'objectif premier du projet de loi. Mais le climat s'est détérioré ces dernières semaines. Les catholiques ont par exemple vu d'un mauvais œil la sortie du ministre de l'Intérieur, lundi sur France Inter, qui a affirmé que les croyants devaient considérer "la loi de la République comme supérieure à la loi de Dieu". Sans oublier que le bras de fer sur le confinement et l'interdiction des messes n'a certainement pas contribué à la bonne entente entre les deux partis. 

"Les religions ne sont pas, comme certains voudraient nous faire croire, des risques potentiels pour la République", affirme de son côté au micro d'Europe 1 Haim Korcia, le grand rabbin de France, pourtant très favorable à la loi, qui a demandé à ce que figure dans l'article premier du projet de loi le principe de garantie de la liberté de pratique religieuse. "La liberté de culte est quelque chose de consubstantiel au système républicain, laïc. Et nous revendiquons cette laïcité. Il faudrait peut-être aussi le rappeler, ce qui permettrait ensuite de donner une ligne générale à l'ensemble des articles de loi", ajoute-t-il. 

Un changement de statut qui fait grincer des dents

Quant aux Français protestants, ils sont aussi vent debout. Car le projet de loi confortant les principes républicains vise notamment à faire passer les associations religieuses musulmanes de la loi 1901 à la loi 1905 pour mieux contrôler leur financement. Dans la foulée, l’Etat compte regarder de plus près le fonctionnement de l'ensemble des associations de loi 1905, statut qui régit toutes les associations cultuelles protestantes. Une démarche inacceptable pour François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, qui y voit "un soupçon à l'égard des religions, inquiétant et incompréhensible".

"C'est la première fois depuis 1905 que l'état d'esprit libéral et d'ouverture n'est plus respecté. Cela va exactement dans le sens du Conseil d'État dans son avis sur le projet de loi qui a alerté à deux reprises d'un contrôle excessif de la vie associative pour les cultes." François Clavairoly ajoute que nos voisins allemands, suédois, danois s'inquiètent de ce qui se passe en France. 

De son côté, la conférence des Eglises européennes, qui regroupe des protestants, orthodoxes et anglicans, a prévu d’adresser sous peu un courrier au Premier ministre Jean Castex et au ministre de l'intérieur pour les interpeller à ce sujet.