Narcotrafic : ce que la France n’a pas (encore) compris dans les lois anti-mafias italiennes
Ce mercredi à Marseille, les ministres de l’Intérieur et de la Justice ont répété leur intention d’aligner les moyens de lutte contre la drogue à celui mis en place pour contrer le terrorisme. La menace étant selon Gérald Darmanin, "au moins équivalente à celle du terrorisme". Mais la France a encore du chemin à faire pour être au niveau des lois anti-mafia italiennes.
Mercredi 19 novembre, le ministre de l'Intérieur Sébastien Lecornu et le garde des Sceaux Gérald Darmanin, ont réaffirmé depuis la cité phocéenne leur volonté de lutter contre le narcotrafic en France, une menace "équivalente à celle du terrorisme". Ils veulent lutter notamment en s'inspirant du voisin italien et de sa législation, bien plus optimisée sur la question qu'en France.
Criminaliser l'appartenance à une mafia
Car l’Italie a trente ans d’avance en matière de lutte anti-mafia. L’acte fondateur date de 1982, avec la création du délit de "participation à une organisation mafieuse". Ce délit permet aux Italiens d’incriminer des membres de la mafia même s’ils n’ont pas encore commis d’actes répréhensibles. Ainsi, le simple fait d’appartenir à un groupe mafieux est en soi un délit. Il se caractérise par le recours à l’intimidation, la soumission ou l’omerta.
La condamnation peut monter jusqu’à 18 ans de prison pour les membres actifs, et 15 ans pour ceux qui aident ou les familles qui couvrent.
Au-delà de l’arsenal répressif, la stratégie d’enquête y est bien plus évoluée et percutante : les Italiens n’hésitent pas à lancer des coups de filet impressionnants dans les milieux mafieux. Avec plusieurs centaines d’interpellations au même moment, ils saisissent aussi quasi-systématiquement les biens mal acquis, et ce avant même les condamnations.
Enfin, les Italiens sont capables d’organiser des maxi-procès qui saisissent l’opinion publique : en 2023, 322 accusés de la mafia calabraise ont été jugés au même moment. Alors qu'en France, les enquêteurs doivent abandonner la poursuite de leurs enquêtes, faute de place dans les box des salles d’audience.