Ce lundi matin, vers 7h40, un détenu du quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) de la prison de Vendin-le-Vieil, Ouaihid Ben Faïza, 52 ans, présenté comme un membre important d’un réseau de trafic de drogue en Seine-Saint-Denis, a quitté l’établissement pour une permission de sortir à caractère professionnel. Le délégué FO Pénitentiaire, David Lacroix, a confirmé le départ du détenu, libérable en 2029.
Il a été pris en charge par son épouse avant de prendre la direction de Lyon. Plusieurs véhicules ont été aperçus quittant les lieux simultanément, dont une voiture banalisée et un van de la SNCF. En fin de soirée, il sera réintégré en prison et il a l'obligation d'être de retour avant 21h.
Cette situation a agacé les agents pénitenciers puisque les QLCO servent à empêcher les détenus de communiquer avec l'extérieur, pour éviter qu'ils continuent de gérer leurs trafics depuis leurs cellules. Les extractions de ces quartiers spéciaux sont donc censées être très limitées, pour éviter au maximum les transports et donc les risques d'évasion.
Cette permission dite "employeur" s’effectue sans escorte, mais un dispositif de suivi a été mis en place pour la journée, selon l’entourage du ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez. Selon Le Parisien, la Direction nationale du renseignement territorial (DNRA) est mobilisée pour suivre le détenu tout comme les forces de l'ordre locales de région lyonnaise ont été averties.
"Préparer sa réinsertion"
L’avocate du détenu, Me Marie Violleau, a rappelé que son client devait simplement se rendre d’un point à un autre "pour préparer sa réinsertion", insistant sur le cadre strict fixé par la justice. "Il n'est pas parfaitement libre de ses mouvements, il est contrôlé, il doit sortir à telle heure, aller dans tel endroit, c'est-à-dire dans une entreprise pour rencontrer un employeur et rentrer à telle heure", a-t-elle rapporté sur Franceinfo ajoutant que le détenu espère un aménagement de peine.
Cette permission de sortir a été accordée par un juge d’application des peines malgré un avis défavorable du parquet de Béthune, puis confirmée par la cour d’appel de Douai. Le procureur de Béthune, qui n'a pas souhaité commenter le fond de l'affaire, a admis que le détenu était "dans les critères légaux" pour cette permission de sortir. "Après, tout est question d'opportunité et d'appréciation", a estimé le magistrat. "C'est l'un des objectifs de la peine d'emprisonnement que de favoriser la réinsertion, pour permettre à la personne de retrouver sa place sans risque de récidive, après avoir payé sa dette envers la société", a-t-il rappelé.
Face à la polémique, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé vouloir réformer les règles d’application des peines pour les criminels organisés, en créant un régime spécifique inspiré de celui du terrorisme, avec un juge spécialisé.