"Modestement, j'essaie d'être utile", témoigne Pierre Gagnaire, confiné avec une partie de sa famille (photo d'archives). 5:27
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Chaque semaine pendant le confinement, Frédéric Taddeï interroge des invités non plus "En Balade", mais par téléphone, pour leur demander comment ils vivent cette période si particulière. Sans "paniquer", le chef aux 16 étoiles Pierre Gagnaire dit son inquiétude pour ses restaurants, partout dans le monde, mais aussi pour l'avenir de manière plus générale. 
INTERVIEW

Pierre Gagnaire ne vit pas le confinement, il le "supporte". Avec "beaucoup d'interrogations", et un souvenir : celui des grèves de 1995, qui avaient précipité la faillite de l'un de ses restaurants. Même si le contexte est radicalement différent, le chef, qui cumule pas moins de 16 étoiles au Guide Michelin, ne peut s'empêcher d'être inquiet de voir l'activité économique de la France et du monde au ralenti. "C'est un moment ce questionnement. Sur la façon de travailler, sur la suite." 

 

>> Pendant le confinement destiné à ralentir la propagation de l'épidémie de coronavirus, Frédéric Taddeï réinvente En Balade avec et interroge, à distance, des personnalités sur la manière dont ils et elles vivent cette période. Retrouvez toutes ses émissions en podcast et en replay ici 

"Est-ce que notre société va changer ?"

"On vit une situation complètement inédite", souffle le cuisinier, dont plusieurs restaurants à travers le monde sont contraints de garder porte close. "Da Nang (au Vietnam, ndlr) est fermé, Séoul bricole, Shanghai a fermé deux mois et vient de rouvrir... (...) Je n'arrive pas à m'extraire de ma petite condition, parce que les engagements que j'ai dans tous ces pays me donnent une vision globale."

 

"Là tout de suite, il y a une responsabilité d'entrepreneur", explique Pierre Gagnaire. Pour autant, le chef "ne panique pas". "Ce confinement, il est finalement assez récent. Et l'après ? Qu'est-ce qui va se faire ? Est-ce que notre société va changer, est-ce que les gens vivront différemment ? Est-ce que l'avenir, c'est d'avoir des spaghettis et du PQ dans son placard ?", s'interroge-t-il. "Si c'est ça, on est très mal partis." 

"Modestement, j'essaie d'être utile"

En attendant, l'homme aux 16 étoiles "reste plutôt à la maison" et se met aux fourneaux. "Ce n'est pas pour passer le temps, c'est une obligation", sourit-il. Le hasard fait que je suis avec un de mes fils et sa famille, donc je cuisine pour la famille. J'ai aussi fait une soupe pour une association. Modestement, j'essaie d'être utile." Sa compagne, l'écrivaine Sylvie Le Bihan, n'est pas confinée au même endroit. "Même cette histoire n'aura pas réussi à nous réunir." 

 

Mais Pierre Gagnaire est "habitué à une forme de solitude". "Je vis ça comme une opportunité. Même si je ne dors que d'un œil, c'est une façon de se reposer et de réfléchir. J'en profite pour faire ce que je ne fais pas beaucoup à savoir lire et contempler la nature. Parce que même si on est confiné, on profite de ces instants de silence."