Jugement de "l'affaire France Télécom" : "Il faut que la justice puisse sanctionner des dirigeants"

Il y a dix ans, plusieurs salariés de France Telecom s'étaient suicidés en laissant des courriers accablants contre leur employeur.
Il y a dix ans, plusieurs salariés de France Telecom s'étaient suicidés en laissant des courriers accablants contre leur employeur. © AFP
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Chloé Triomphe, édité par Ugo Pascolo avec AFP , modifié à
Un jugement est attendu vendredi dans l'affaire des suicides au sein de France Telecom. L'ancien PDG Didier Lombard, son numéro deux, le DRH, et quatre autres responsables sont sur le banc des accusés aux côtés de la société, citée en tant que personne morale. Mais dix ans après les faits, les parties civiles attendent surtout la condamnation comme un symbole.

Dix ans après une vague de suicides, les syndicats attendent un "jugement exemplaire" dans le procès pour "harcèlement moral" de France Télécom et de ses ex-dirigeants ce vendredi matin, à Paris. L'ex-PDG Didier Lombard, l'ex-numéro deux Louis-Pierre Wenès et l'ex-DRH Olivier Barberot, ainsi que quatre autres anciens responsables, jugés pour "complicité", risquent un an d'emprisonnement et 15.000 euros d'amende. Quant à la personne morale France Télécom, elle encourt la peine maximale : 75.000 euros d'amende. 

"Nous considérons que leur culpabilité morale est déjà avérée"

Mais au-delà des peines qui doivent être prononcées à 10 heures, c'est le symbole de la condamnation qu'attendent les parties civiles. "Il est important que la justice entre en voie de condamnation pour délimiter l'acceptable de l'inacceptable", explique au micro d'Europe 1 Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC Orange. "Nous considérons que leur culpabilité morale est déjà avérée, [les prévenus] n'ont présenté ni excuses, ni regrets, et sont restés remplis de leurs certitudes", affirme-t-il. Avant de plaider : "Il faut que la justice puisse sanctionner des dirigeants lorsqu'ils se livrent à de la violence sociale volontaire, planifiée, et organisée de façon cynique."

Orange ne fera pas appel

Pour la CFDT d'Orange, le jugement doit faire jurisprudence "afin que les dirigeants d'entreprise tentés par ces méthodes de management sachent désormais qu'il n'est plus possible d'agir en toute impunité". De son côté, Orange a décidé de "tourner la page" : son PDG Stéphane Richard a indiqué que "quelle que soit la décision qu'on connaîtra le 20 décembre prochain, l'entreprise personne morale ne fera pas appel."

Il y a dix ans, plusieurs salariés s'étaient suicidés en laissant des courriers accablants contre leur employeur. Le tribunal s'est particulièrement penché sur les cas de trente-neuf salariés, retenus par les juges d'instruction lors de l'enquête : dix-neuf se sont suicidés, douze ont tenté de le faire, et huit ont subi un épisode de dépression ou un arrêt de travail.