«Je refuse !» : après Robert Ménard, la maire de Bourg-lès-Valence refuse de célébrer un mariage
L'édile de cette commune dans la Drôme a annoncé qu'elle ne marierait pas un Tunisien en situation irrégulière et une Française alors que le parquet lui impose de le célébrer. À l’instar du maire de Béziers, Robert Menard, qui va être jugé en correctionnelle pour avoir refusé un mariage à un Algérien sous OQTF, Marlène Mourier s’expose à de lourdes sanctions.
Ce samedi, à 15h30, la maire LR de Bourg-lès-Valence refusera de célébrer leur mariage. Car, selon Marlène Mourier, l'homme, un Tunisien sans papier, a avoué lors d'un entretien préalable vouloir se marier pour obtenir un titre de séjour.
"J'assume, je ne vais pas les marier. C'est un mariage que je considère comme insincère et de complaisance entre cette Française et ce Tunisien en situation irrégulière et qui, lors de l'audition de mariage, a fait l'aveu qu'il voulait se marier pour obtenir des papiers".
La maire de Bourg-lès-Valence risque jusqu’à 5 ans de prison
Les investigations menées par la police n'ont pas pu démontrer que ce mariage n'était pas sincère. En revanche, selon la maire, cette enquête a été bâclée. Le procureur de la République de Valence a demandé à Marlène Mourier de célébrer cette union.
"J'ai eu le procureur au téléphone", confirme à Europe 1 la première magistrate de cette ville de la Drôme, "et il m'a dit que si je ne mariais pas ce couple, il allait me poursuivre. Et bien, qu'il me poursuive !". En refusant de célébrer ce mariage, Marlène Mourier risque cinq ans de prison, 75.000 euros d'amende et une peine d'inéligibilité.
La maire de Bourg-lès-Valence ira se défendre s'il le faut devant les tribunaux, mais avoue être découragée : "J'espère que la parole va se libérer, mais on en a marre. Pourquoi tant de maires ne veulent pas se représenter ? Ce sont pour toutes ces raisons !".
Pour Emmanuel Macron, "le droit est mal fait"
Pour Marlène Mourier, "en célébrant cette union, je me rendrais complice de violation d'une règle de droit et de manipulation de l'institution du mariage". Le maire de Valence et président dans la Drôme de l'Association des maires de France, se range derrière elle.
"Bien sûr au soutien de Marlène Mourier mais aussi de Robert Ménard comme nous-mêmes, nous l'avons été en 2003 à Valence, le maire avait été condamné pour ne pas avoir célébré un mariage. L'ensemble des maires de France, toute sensibilité confondue, est révolté. L'article 63 du Code civil exige que nous auditionnions les futurs mariés. En l'espèce, les mariés ont avoué qu'ils demandaient le mariage pour obtenir un titre de séjour. Ils ont 15 ans de différence et aujourd'hui, c'est la maire qui est menacée d'être condamnée. C'est un scandale !", se désole Nicolas Darragon.
Mardi dernier, sur TF1, le président de la République a dit souhaiter l'examen, par le Parlement, d'une proposition de loi visant à interdire le mariage d'étranger "en situation irrégulière". Beaucoup de maires espèrent désormais que cette proposition de loi du sénateur Stéphane Demilly pour lutter contre les mariages simulés et arrangés sera rapidement voté même si elle risque de se heurter au refus du Conseil constitutionnel qui considère le mariage comme une liberté fondamentale.