Interdire la vente de couteaux aux mineurs ? Un coup d'épée dans l'eau pour les spécialistes du secteur
Pour endiguer "l'épidémie d'attaques au couteau", comme il l'appelle, le Premier ministre François Bayrou souhaite interdire purement et simplement leur vente aux mineurs. Mais pour les professionnels du secteur rencontrés par Europe 1, cette mesure sera inefficace : plus que le couteau, les armuriers pointent que le problème est la personne qui s'en sert.
Interdire la vente aux mineurs. Face à ce qu'il appelle "l'épidémie d'attaques au couteau", le Premier ministre François Bayrou souhaite que les moins de 18 ans ne puissent plus acheter une lame. Une mesure qui devrait être effective dans 15 jours, soit un peu plus de deux semaines après le meurtre de Mélanie G., 31 ans, une surveillante d'un collège à Nogent mortellement poignardée par un élève de 3ᵉ alors que les gendarmes procédaient à un contrôle des sacs à l’entrée de l’établissement, dans le cadre d’une opération de recherche d’armes blanches.
"Un non-sens"
Mais cette interdiction est un coup d'épée dans l'eau à en croire les armuriers et autres boutiques spécialisées dans les ventes de couteaux. "C'est un peu un non-sens parce que de toute façon, on n'a jamais vendu de couteaux aux mineurs", explique au micro d'Europe 1 Gaëtan, responsable d'un magasin spécialisé basé à Lille. Pour celui dont on aperçoit dans la vitrine des couteaux japonais et des lames allant jusqu'à 33 centimètres, "C'est la règle, il faut toujours la présence d'un parent ou une pièce d'identité si l'on a un doute." S'il reconnaît qu'au vu des événements "il faut réagir", Gaëtan se demande si "c'est la bonne manière de faire".
En plus de ne pas porter atteinte à son chiffre d'affaires, ce patron pointe que la mise en place de cette interdiction ne va en rien endiguer la prolifération de la violence. "Si on a des mauvaises intentions, on peut trouver n'importe quoi, n'importe quel objet sur internet, dans le tiroir de la cuisine, dans un magasin de bricolage... C'est facile de se procurer quelque chose pour faire des dégâts."
Pour lui, le problème n'est donc pas le couteau, mais la personne qui s'en sert. Dans une autre armurerie de la ville, un autre gérant se demande ironiquement quelles seront les prochaines interdictions : cutter, marteaux, batte de baseball...