Un policier en première ligne dans l’enquête des attentats de Paris, blessé en service lors d’une opération antiterroriste, n’a pas pu réintégrer son poste (Illustration). 1:23
  • Copié
William Molinié, édité par Gauthier Delomez , modifié à
La cour administrative d’appel de Paris doit clore ce vendredi l’instruction sur le cas d’un policier en première ligne dans l’enquête des attentats de Paris. Blessé en service lors d’une opération antiterroriste, il n’a pas pu réintégrer son poste. Or pour son avocat, la jurisprudence est claire, il aurait dû continuer de percevoir l’intégralité de son salaire de base.

C’est une situation kafkaïenne dont il a la plus grande peine à s’extraire. Selon les informations recueillies par Europe 1, la cour administrative d’appel de Paris doit clore ce vendredi l’instruction qui oppose la place Beauvau à un policier des services antiterroristes français. En première ligne pendant les attentats de Paris en 2015, c’est à lui que la France doit l’arrestation de plusieurs djihadistes.

Très bien noté par sa hiérarchie, médaillé d’argent pour acte de courage et de dévouement, il a été félicité une quarantaine de fois tout au long de sa carrière, y compris à plusieurs reprises par le directeur central de la police judiciaire, le directeur général de la police nationale et même après les attentats par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bernard Cazeneuve.

"Blessé lors d’une opération antiterroriste"

Blessé lors d’une opération antiterroriste quelques mois après les attentats de Paris, il n’a pas pu réintégrer son service. Aujourd’hui toujours convalescent, et malgré ses certificats médicaux en règle, l’administration ne lui verse plus l’intégralité de son salaire de base. Ce qui, selon son avocat Pascal Markowicz est contraire à la jurisprudence. "Il devrait pouvoir percevoir l’intégralité de sa rémunération. Et depuis plusieurs années, on lui met des bâtons dans les roues des procédures pénales ou administratives qui à mon avis ne tiennent pas", explique-t-il au micro d’Europe 1.

Parmi ces procédures, une plus embêtante fait surface à la fin de l’année 2015. Une vieille affaire de près de 10 ans. Elle concerne un poste où il était affecté précédemment, à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis : des accusations, qu’il conteste, de blanchiment d’argent au profit de trafiquants de stupéfiants. Il se retrouve alors mis en examen pour "trafic d’influence passif", un chef d’accusation bien moindre par rapport aux soupçons initiaux.

Reste que son contrôle judiciaire lui interdit d’exercer comme policier. Ce qui conduit l’administration à ne plus lui verser du tout cette fois-ci son salaire. A ce jour, près de dix ans après les faits, la procédure judiciaire n’a toujours rien donné. Or, pour son avocat, Pascal Markowicz, la jurisprudence là encore est très claire. "Il est policier, il est sous un contrôle judiciaire qui l’empêche d’exercer sa fonction. Mais il est toujours présumé innocent." Il réclame devant la cour administrative d’appel le versement intégral de son salaire depuis janvier 2018.

"Un héros de la République"

Endetté de plus de 100.000 euros, il vit de petits boulots, parfois dort dans sa voiture et a la plus grande peine à subvenir aux besoins de sa famille. "Il ne comprend pas pourquoi lui qui a tant donné pour cette police, pour son administration, pourquoi il n’y a pas de soutien, de considération et qu’on lui en veut, alors que c’est pour moi un héros de la République", soutient son avocat.

Tout comme, fait rarissime, ses anciens collègues qui ont fourni leur nom pour témoigner auprès de la hiérarchie de la loyauté et de la confiance qu’ils avaient vis-à-vis de lui. L’audience devant la cour administrative d’appel de Paris devrait se tenir d’ici à la fin du mois.