Fusillade en Allemagne mercredi 19 février 2020. 5:50
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Olfa Ayed
Mercredi 19 février, deux fusillades ont fait neuf morts à Hanau, en Allemagne. Le parquet antiterroriste allemand a été saisi et la motivation xénophobe de l'assaillant se précise. L'attentat intervient en pleine émergence d'une ultra-droite violente et armée en Allemagne.
INTERVIEW

Réveil douloureux pour les habitants de la ville d'Hanau, en Allemagne. Mercredi vers 22 heures, un homme a visé deux bars à chicha de la ville, faisant neuf victimes, dont plusieurs d'origine kurde. Le tireur, retrouvé mort dans son appartement, est lui-même originaire de la commune de 90.000 habitants. Le parquet antiterroriste a été saisi. Et la chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé jeudi "le poison" du racisme, évoquant les "motivations xénophobes" du suspect. Comme le souligne sur Europe 1 le politologue français et spécialiste de l'extrême droite, Jean-Yves Camus, cet attentat intervient dans le contexte d'un inquiétant essor de l'ultra-droite dans le pays.

Sur un plan purement politique, il y aurait d'abord, selon le spécialiste, "une montée en puissance d’un parti, 'l’Alternative pour l’Allemagne', dont une aile est particulièrement radicale". Cette branche, explique Jean-Yves Camus, "vient de manquer de très peu de faire un bon coup politique, en s’alliant avec la CDU, le parti de Madame Merkel, dans un  'Land'  particulier, celui de Turage, c’est tout de même inédit dans l’histoire de l’Allemagne."

Outre le domaine politique, c'est l'émergence d'une ultra droite armée qui inquiète. "Il y a l’émergence d’une ultra droite violente armée, qui est déjà dans le viseur des autorités. On a depuis la semaine dernière diverses descentes de police qui permettent d’appréhender des gens qui sont dans la préparation d’attentats qui ne visent pas uniquement les musulmans vivant en Allemagne, mais également des personnalités politiques", relate le politologue.

Les étrangers et les personnalités politiques dans le viseur

"On a vu l’année dernière cet attentat contre un responsable politique allemand appartenant à la CDU. Donc, ils visent également des responsables politiques qu’ils jugent coupables d’avoir accueilli sur le sol allemand les réfugiés pendant la grande vague migratoire de 2015, et qu’ils jugent de manière plus générale traîtres à la nation Allemande", poursuit Jean-Yves Camus.

Les membres de cette mouvance radicale sont de plus en plus nombreux et semblent prêts à passer à l'acte. "Plus de 10.000 militants sont considérés comme ayant une propension à la violence et sont suivis comme tel par les services de sécurité", avance le politologue.

Et le cas allemand est particulièrement unique de part le nombre de personnes "inquiétés". Mais aussi par l'Histoire de l'Allemagne et le passé "national socialiste", souligne le directeur de l'Observatoire des radicalités politiques. Une nostalgie pour les membres de ces mouvances radicales ? "Une nostalgie chez certains et en même temps une riposte gouvernementale d’autant plus forte, une riposte policière et judiciaire. Le spectre du nazisme pèse toujours sur l’Allemagne."