Deux fusillades ont fait au moins huit morts à Hanau en Allemagne Yann Schreiber / AFP 1:39
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avec AFP , modifié à
Deux fusillades à Hanau, près de Francfort en Allemagne, ont fait au moins neuf morts mercredi soir. Ces fusillades auraient visé des bars à chicha et fait aussi au moins cinq blessés graves. Le maire de Hanau a demandé d'éviter toute "spéculation" et appelé les habitants à la "prudence".

Au moins neuf personnes ont été tuées mercredi soir dans deux fusillades à Hanau, près de Francfort (centre de l'Allemagne), et la police a "lancé une chasse à l'homme à grande échelle" pour retrouver le ou les auteurs. Ces fusillades auraient visé des bars à chicha et fait au moins cinq blessés graves, selon des médias locaux. "A ce stade, la police peut seulement confirmer que huit personnes ont été mortellement blessées", ont indiqué les autorités dans un communiqué.

Un important dispositif policier a été déployé dans cette ville, située à une vingtaine de kilomètres de Francfort (Hesse), selon la même source. Un journaliste de l'AFP sur place a vu une trentaine de voitures de police partir du commissariat de Hanau et selon des témoins, des policiers lourdement armés ont été déployés dans la ville.

"Scénario d'horreur"

Une première fusillade aurait visé un bar à chicha, le Midnight, au cœur de cette ville d'environ 90.000 habitants. Selon la police, au moins une personne a été grièvement blessée sur ce premier site vers 22 heures (21H00 GMT). Des témoins, cités par des médias locaux, ont rapporté avoir entendu une dizaine de coups de feu. Le ou les auteurs auraient ensuite quitté en voiture ce premier site en direction de la Kurt-Schumacher Platz, dans le quartier de Kesselstadt, selon la police.

Une seconde fusillade s'est alors produite, qui a fait "au moins cinq blessés graves" d'après le bilan initial des autorités. Selon les médias locaux, trois personnes ont été tuées devant le premier bar à chicha et cinq devant le deuxième, L'Arena Bar. Le tireur aurait sonné à la porte du deuxième bar et tiré sur des personnes présentes dans la zone fumeur, tuant cinq personnes dont une femme, selon des informations de Bild, ajoutant que des victimes étaient d'origine kurde. 

"Les victimes sont des gens que nous connaissons depuis des années", a réagi le fils du gérant du bar, cité par l'agence DPA. Deux employés figurent parmi les victimes, selon ce témoin, absent comme son père au moment des tirs. "C'est un choc pour tout le monde."

"C'est un véritable scénario d'horreur", a déploré la députée conservatrice de la circonscription, Katja Leikert. Le maire social-démocrate de Hanau, Claus Kaminsky, a lui évoqué une "soirée terrible, qui nous hantera certainement pendant très, très longtemps. Il a demandé d'éviter toute "spéculation" et appelé les habitants à la "prudence".

Le mobile des attaques pas encore connu

Le mobile de ces attaques n'était pas encore connu, a précisé un porte-parole de la police. L'Allemagne a été ciblée ces dernières années par plusieurs attaques jihadistes, dont une avait fait 12 victimes dans le cœur de Berlin en décembre 2016. Mais c'est la menace d'un terrorisme d'extrême droite qui inquiète le plus les autorités allemandes, depuis notamment le meurtre d'un élu allemand pro-migrants, membre du parti de la chancelière Angela Merkel, en juin dernier.

Vendredi, 12 membres d'un groupuscule d'extrême droite ont été arrêtés dans le cadre d'une vaste enquête antiterroriste. Ils sont soupçonnés d'avoir planifié des attaques de grande ampleur contre des mosquées sur le modèle de l'auteur de l'attaque de Christchurch en Nouvelle-Zélande, qui en mars 2019 avait tué 51 personnes dans deux mosquées en se filmant en direct. Ils ont été placés en détention. Ces attaques avaient pour but de déclencher des "conditions proches de la guerre civile" et ébranler l'ordre social, selon des sources sécuritaires citées par l'agence DPA.

En octobre, un extrémiste de droite négationniste avait tenté de commettre un attentat dans une synagogue de Halle, un massacre n'étant évité que de justesse. Faute de pouvoir pénétrer dans l'édifice religieux dans lequel les fidèles s'étaient barricadés, il avait abattu une passante et le client d'un restaurant de kébabs, diffusant en direct sur internet ses forfaits. Son procès est attendu prochainement.

A Dresde, dans l'ex-RDA, huit néonazis sont également jugés depuis près de cinq mois pour avoir planifié des attentats contre des étrangers et des responsables politiques. L'association Ditib, principale organisation de la communauté turque musulmane d'Allemagne, a réclamé plus de protection pour ses fidèles qui ne "se sentent plus en sécurité".