Dès l'année prochaine, les lycéens suivront une formation à la sécurité numérique 6:31
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Lucie de Perthuis , modifié à
A l'occasion de l'ouverture mardi à Lille du Forum international sur la cybercriminalité, Mathieu Belliard reçoit Guillaume Poupard, directeur de l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information). Au micro d'Europe 1, il alerte sur les nouveaux dangers liés au piratage des systèmes informatiques. 
INTERVIEW

Alors que s'ouvre mardi le forum international sur la cybercriminalité, Guillaume Poupard, directeur de l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information), explique les nouveaux dangers liés aux technologies, et à ce que l'on appelle le "cyberespace". Si le sujet est pointu, il concerne absolument tout le monde : les entreprises, les Etats et les particuliers. 

Des escrocs modernes

"Aujourd’hui, c'est un véritable espace, c'est un endroit où on va faire la guerre, où l'économie se développe rapidement. C'est un endroit où les malfaisants de tout poil vont se développer. Il faut se préparer, il ne faut pas avoir peur. Il faut aller de l'avant, mais surtout se préparer parce qu'autrement les progrès ne seront pas au rendez-vous", explique le directeur de l'ANSSI. 

Il évoque aussi ces escrocs modernes, qui entrent dans les réseaux informatiques pour recueillir des informations illégalement ou même faire chanter la victime. Ça a été le cas avec un hôpital à Rouen en novembre dernier. Tout s'est bloqué : le téléphone, les analyses, les imageries médicales. C'est évidemment très compliqué d'assurer le service dans ces conditions. 

"Ce n'est pas la bombe atomique moderne"

Il existe aussi des logiques d'espionnage sur les réseaux informatiques, et les ennemis ont plusieurs visages. "Il y a un peu de tout, des criminels en bande organisée, des mafias, mais aussi des Etats et des entreprises. L'espionnage informatique n'est pas régulé, les entreprises s'espionnent entre elles. Les secrets sont cachés dans les réseaux informatiques, c'est là que les espions vont chercher ce qu'ils veulent", affirme Guillaume Poupard au micro d'Europe 1. 

Mais est-ce l'arme du pauvre ? La Corée du nord peut se montrer aussi forte que les Etats-Unis en la matière ? Guillaume Poupard n'en est pas convaincu. "Les grands Etats investissent massivement dans ce domaine, donc en ce sens ce n'est pas l'arme du pauvre. Par contre, pour constituer une armée informatique, pour espionner ou provoquer une catastrophe, cela nécessite quelques centaines personnes d'un bon niveau. Ce n'est certainement pas la bombe atomique moderne", poursuit le directeur de l'ANSSI. 

"Il faut former tout le monde"

Il insiste également sur l'importance de la formation aux usages et aux métiers liés à la cybersécurité. "Il faut former tout le monde. Il faut former nos enfants à l'école, on travaille actuellement avec l'Education nationale. L'année prochaine au lycée, il y aura de la formation à sécurité numérique, et il nous faut également des experts", explique Guillaume Poupard. "C'est un métier où il n'y a pas de chômage, il y a de l'avenir et les salaires sont plutôt intéressants", encourage-t-il.  

"Hygiène informatique"

"Aujourd'hui tout le monde est amené à vivre avec la technologie, au quotidien, au travail. Si on n'a pas les réflexes minimaux, une forme d'hygiène informatique pour bien utiliser ces outils, c'est une catastrophe", insiste Guillaume Poupard, qui appelle même à être un peu "paranoïaque, prudent", notamment dans l'utilisation des objets connectés. "Il faut accepter de comprendre comment ça fonctionne, de refuser certains risques, de comprendre comment paramétrer les outils numériques, lire le mode d'emploi, un peu comme des médicaments", poursuit le directeur de l'ANSSI. 

Enfin, Guillaume Poupard évoque l'arrivée de la 5G en France, grâce à des équipementiers chinois. Une innovation qui fait débat en France. "Se dire qu'il faut refuser ces équipements, c'est simpliste. C'est une approche idiote. Il faut sécuriser ces équipement, travailler avec les opérateurs qui sont sérieux, qui ont envie de sécuriser ces réseaux", explique Guillaume Poupard.