"J'ai l'impression d'être un mort vivant", confie Gabriel Matzneff au New York Times

L'écrivain a accordé un entretien au New York Times.
L'écrivain a accordé un entretien au New York Times. © AFP
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avec AFP
Gabriel Matzneff, sous le coup d'une enquête pour viol sur mineur, a accordé un entretien publié mardi sur le site du quotidien américain New York Times. L'écrivain s'y estime injustement condamné par des "associations pour la vertu".

"J'ai l'impression d'être un mort vivant, un mort marchant, marchant le long du front de mer." Ce sont les mots qu'utilise Gabriel Matzneff, sous le coup d'une enquête pour viols sur mineur, pour décrire son quotidien dans un entretien publié mardi sur le site du New York Times. L'écrivain a été interrogé par le journal américain sur la Riviera italienne, où il s'est réfugié depuis que l'affaire a éclaté. L'article est publié alors que le procureur de Paris, Rémy Heitz, a annoncé mardi au micro d'Europe 1 qu'un "appel à témoins" était lancé pour retrouver des "victimes" dans le cadre de l'enquête ouverte pour viols sur mineur de moins de 15 ans le visant.

"Un écrivain pédophile, et l'élite française, sur le banc des accusés"

Le quotidien américain rappelle qu'avant sa mise à l'index, l'écrivain, âgé de 83 ans, avait été reçu à l'Élysée en 1984 par le président François Mitterrand, qu'il avait fréquenté Jean-Marie Le Pen ou encore qu'il avait bénéficié "des largesses" d'Yves Saint Laurent et de son compagnon Pierre Bergé. L'article est ainsi titré "un écrivain pédophile, et l'élite française, sur le banc des accusés".

"M. Matzneff n'a pas l'habitude de se cacher. Longtemps il a été célébré parce qu'il ne cachait rien, justement, ni sa chasse aux jeunes filles devant les collèges parisiens, ni ses rapports sexuels avec des garçons de huit ans aux Philippines", écrit le journal.

"Qui sont-ils pour juger leurs semblables ?"

Interrogé par le journaliste du New York Times, Gabriel Matzneff affirme se sentir "très, très seul". Il s'emporte contre ceux qui veulent le juger. "Qui sont-ils pour juger leurs semblables ? Ces associations pour la vertu, comment couchent-elles, qu'est-ce qu'elles font au lit et avec qui couchent-elles, quels sont leurs désirs secrets et refoulés ?", demande l'écrivain, ajoutant souffrir d'insomnies et ne plus être capable d'écrire.

Une enquête avait été ouverte par le parquet le 3 janvier au lendemain de la parution du roman autobiographique "Le Consentement" dans lequel l'éditrice Vanessa Springora dénonçait sa relation sous emprise avec l'écrivain Gabriel Matzneff quand elle était mineure, dans les années 1980.

Vanessa Springora a été la première à témoigner. Le comportement de Gabriel Matzneff, décrit dans ses propres livres, a longtemps été toléré dans le monde littéraire parisien. En 2013, il avait obtenu le prix Renaudot essai.