Erik Orsenna 2000*1000 2:11
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Ugo Pascolo
Invité du "Grand journal du soir" vendredi, Érik Orsenna a été interrogé par une auditrice sur l'affaire Matzneff. L'académicien pointe "une complaisance" omniprésente face aux faits qui sont reprochés à l'écrivain, et explique même que s'il "n'a jamais rencontré Gabriel Matzneff", [il] savait". Il dresse également le constat que dans une société post-metoo, il y voit une époque qui en juge une autre. 
INTERVIEW

Il compte "dénoncer". Invité du "Grand journal du soir" d'Europe 1 vendredi, Érik Orsenna a répondu à la question d'une auditrice qui lui demandait quelle attitude il comptait adopter concernant l'affaire Matzneff, l'écrivain étant visé par une enquête pour viols sur mineur après les révélations de Vanessa Springora, dans son livre "Le consentement". Dans cet ouvrage, l'éditrice raconte une relation entretenue avec l'écrivain alors qu'elle n'avait même pas 14 ans.

Une complaisance omniprésente

Si pour l'académicien les choses sont claires, il faut faire "en sorte que cela ne se reproduise pas", il pointe au micro d'Europe 1 "que d'une certaine manière, tout le monde était complice", ralliant ainsi la thèse de Pierre Lassus, qui avait lancé une alerte au début des années 2000 dans ce sens. D'après l'écrivain, il y a "une complaisance des médias, dans le cinéma, dans les partis politique, dans l'Église, partout" et explique même que s'il "n'a jamais rencontré Gabriel Matzneff", [il] savait".

Une époque qui en juge une autre

Dans une société post-metoo, Érik Orsenna est d'accord sur le constat d'une époque qui en juge une autre. "Vous savez, il y a une phrase en 1968, quand j'avais 21 ans : 'Il est interdit d'interdire'". Mais au-delà de l'enquête et de la polémique, il voit dans cette affaire l'occasion de poser "une question passionnante : qu'est-ce que le consentement ?". "C'est pour cela que le livre est fort, il pose la question du consentement alors qu'elle [Vanessa Springora] a 10-12 ans. Mais le consentement est pour une personne faite, constituée, complète", avance l'académicien au micro d'Europe 1.

Quant à savoir s'il était nécessaire que plusieurs maisons d'édition - Gallimard, La Table Ronde Léo Scheer et Stock - cessent la commercialisation du "Journal de Gabriel Maztneff, l'ancien conseiller d'État affirme que "publier ce genre de textes, c'est quand même accepter ce qui ne l'est pas".