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avec AFP / Crédit photo : Ludovic MARIN / AFP
Les responsables des principaux cultes ont répété mardi leur réticence face à une évolution de la loi sur la fin de vie, dans l'attente d'une nouvelle réunion avec le chef de l'État. Fin décembre, Emmanuel Macron avait évoqué la présentation d'un texte de loi "en février".

Les responsables des principaux cultes ont répété mardi leur réticence face à une évolution de la loi sur la fin de vie, dans l'attente d'une nouvelle réunion avec le chef de l'État qui a promis un texte pour février. "Nous sommes très prudents sur la nécessité d'une loi. La loi Claeys-Leonetti répondait à beaucoup de nécessités, l'enjeu est de la faire vivre davantage", a affirmé Eric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France, lors d'une conférence de presse.

"On a une loi très bien faite, avec un seul défaut : les soins palliatifs ne sont pas assez développés. Mettons-les enfin en place partout et ensuite, on verra. On ne peut pas décider que, même dans un cas exceptionnel, on peut donner la mort", a ajouté le Grand rabbin Haïm Korsia, parlant de "rupture anthropologique".

"Nous voyons qu'il est en train de réfléchir" 

Avançant un argument religieux, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, a lui souligné que "Dieu nous a donné la vie, c'est lui qui décide à quel moment il doit la reprendre". Les responsables des cultes avaient été reçus en janvier par le président de la République, Emmanuel Macron, qui avait alors promis de les consulter à nouveau. Plusieurs d'entre eux avaient rapporté que le chef de l'État comptait scinder le texte en deux projets de lois, une information ensuite démentie par l'Élysée.

 

"Le Président (Emmanuel Macron) nous a bien parlé de deux lois, mais nous voyons qu'il est en train de réfléchir", a déclaré Chems-eddine Hafiz. Fin décembre, Emmanuel Macron avait évoqué la présentation d'un texte de loi "en février" après l'annonce "en janvier" d'un plan stratégie décennal sur les soins palliatifs.

L'ADMD dit sa "préoccupation" 

Le président de la fédération protestante de France, Christian Krieger, a lui plaidé pour des "réponses plus fines" en s'inquiétant de la portée de l'aide active à mourir : il ne faudrait pas "que ce qui est un droit pour les uns devienne presque un devoir de partir pour les autres". L'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) a dit sa "préoccupation" face à cette démarche, estimant dans un communiqué que "certaines religions cherchent à dicter leur morale au sein de la société".

"La légalisation d'une aide à mourir reflète la volonté d'une majorité de Françaises et de Français" et dans ce pays laïc, "la voix du peuple doit prévaloir sur les principes moraux imposés par certains chefs spirituels", a ajouté l'ADMD. Si les responsables religieux réfutent tout "front uni des religions", "on ne veut pas être entendus plus que les autres, mais pas moins non plus", a affirmé Haïm Korsia. Les responsables de cultes résumaient des réflexions développées dans l'ouvrage "Religions et fin de vie" (ed. Fayard), paru en octobre. Ils plancheront à nouveau sur l'écologie au sein de ce cercle de réflexion structuré en fondation, a annoncé mardi Laetitia Atlani-Duault qui a dirigé l'ouvrage.