Les agriculteurs vont mener un "siège" de Paris ce lundi. 5:11
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Jean-Luc Boujon, Guillaume Dominguez, Caroline Baudry, Inès Zeghloul, Arthur de Laborde avec AFP / Crédits photo : Quentin Top / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Comme annoncé, les agriculteurs ont commencé à 14h ce lundi à bloquer plusieurs autoroutes autour de Paris. De son côté, le gouvernement a mobilisé 15.000 forces de l'ordre, avec des consignes strictes pour ne pas envenimer la situation. Emmanuel Macron a fait un point de situation avec plusieurs ministres à 15h15. Suivez notre direct.
L'ESSENTIEL

Ils l'avaient promis, ils le font. Les agriculteurs en colère ont commencé à bloquer certaines autoroutes autour de Paris, à l'appel de la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs qui ont annoncé "un siège" de Paris. Au total, huit "points de blocage" ont été organisés tout autour de la capitale. En réponse, dimanche soir, Gérald Darmanin a annoncé que 15.000 membres des forces de l'ordre seraient mobilisés pour empêcher notamment que les tracteurs n'entrent dans "Paris et les grandes villes". Gabriel Attal a reçu la FNSEA et les Jeunes agriculteurs à 18h. 

Les principales informations :

  • Comme prévu, les tracteurs ont commencé à bloquer certaines autoroutes franciliennes dès 14 heures
  • 15.000 membres des forces de l'ordre mobilisés pour empêcher notamment que les tracteurs n'entrent dans "Paris et les grandes villes"
  • La Coordination rurale du Lot-et-Garonne veut bloquer le marché de Rungis
  • Macron a fait un point avec plusieurs ministres à 15h15
  • Gabriel Attal a reçu la FNSEA et les Jeunes agriculteurs à 18h

Prisca Thévenot annonce "de nouvelles mesures" dès mardi

De "nouvelles mesures seront prises dès demain" en faveur des agriculteurs, a annoncé mardi la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot à l'issue du Conseil des ministres. "Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a fait savoir que de nouvelles mesures seront prises dès demain", a affirmé Prisca Thevenot devant la presse, confirmant en outre que le Premier ministre Gabriel Attal allait recevoir "ce soir les représentants" des syndicats agricoles.

On ne sait pas encore si les annonces de ce mardi seront faites par le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, ou bien par le Premier ministre, Gabriel Attal lors de son discours de politique général, à l'Assemblée nationale. 

Les agriculteurs sont prêts à maintenir le siège de Paris aussi longtemps qu'il le faudra 

À Dourdan, la mobilisaiton des agriculteurs est massive en ce début de semaine, on parle tout de même de près de 200 tracteurs. Certains agriculteurs viennent de loin, voire très loin. Xavier arrive de Poitiers : "On a fait 10 heures de route en tracteur, ça fait une semaine qu'on bloque déjà la N10 et la A10". Le mouvement doit durer dans le temps, les agriculteurs se sont même organiser pour maintenir la pression sur le gouvernement. 

"Dans deux jours on sera relayé par des voisins qui viendront à notre place et on retournera faire le boulot. On a les moyens et la détermination", affirme Xavier. Pour Bertrand, c'est un long bras de fer qui commence : "Autant vendredi, on attendait les réponses du Premier ministre. Là on a prévu de rester avec des roulements. Ils espèrent que les agriculteurs disent bah non, on prend nos tracteurs et on retourne à nos champs. Sauf qu'on s'organise pour pouvoir rester".  

Ils sont prêts à rester longtemps, une semaine voir plus confient-ils. Des dortoirs sommaires et des douches ont été installés entre les bottes de foin. 

"Ça donne encore plus envie d'aller se battre"

À l'appel de la Confédération rurale, un convoi d'agriculteurs fait route vers Paris avec l'intention de bloquer le marché de Rungis. Un périple de plus de 800km, à 40 kilomètres par heure. Un diacre a même béni les tracteurs sur le rond point de Bergerac. Beaucoup de Français sont présents sur le bord des routes. Certains tendent des bouteilles, d'autres font des haies d'honneur. "Cela fait vraiment chaud au coeur de voir qu'on est soutenus de la sorte et d'être classés au même rang que les soignants durant le covid. Et ça donne encore plus envie d'aller se battre", confie Arnaud. 

Le convoi devrait arriver dans la nuit à Limoges, lieu où les tracteurs s'arrêteront pour faire une pause réparatrice pour les agriculteurs. De nombreux tracteurs de Charente devraient rejoindre le convoi pour la suite du voyage jusqu'à Paris. 

Gabriel Attal reçoit la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs à 18 heures 

Les patrons du premier syndicat agricole français FNSEA et des JA (Jeunes agriculteurs) sont conviés ce lundi à Matignon pour une rencontre avec Gabriel Attal en fin de journée, a appris l'AFP lundi de sources concordantes.

Arnaud Rousseau au nom de la FNSEA et Arnaud Gaillot pour les JA ont rendez-vous chez le Premier ministre à 18 heures en présence des ministres l'Agriculture Marc Fesneau et de la Transition écologique Christophe Béchu, alors que le blocage de plusieurs autoroutes par des tracteurs a débuté, notamment autour de Paris. Tant Matignon que les syndicats concernés n'étaient pas en mesure de confirmer cette rencontre.

Emmanuel Macron va s'entretenir avec Ursula von der Leyen jeudi à Bruxelles

Emmanuel Macron va s'entretenir avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen jeudi à Bruxelles de la crise du monde agricole et des mesures de soutien que les agriculteurs demandent au niveau de l'UE, a annoncé l'Elysée.

L'échange, qui aura lieu en marge d'un Sommet européen extraordinaire sur le budget de l'UE, portera notamment sur l'accord commercial en négociation entre l'UE et le Mercosur, les jachères imposées aux agriculteurs et l'arrivée de produits ukrainiens dans l'Union, a précisé la présidence française.

Le périphérique parisien bloqué par des taxis

Plus de 200 véhicules, essentiellement des taxis, bloquent actuellement le périphérique parisien dans les deux sens au niveau de la Porte de Versailles. Les compagnies de circulation et les CRS sont sur place "La physionomie n'est pas très bonne", indique une source policière à Europe 1. 

Un "siège de la capitale" à partir de 14 heures

Des agriculteurs venus de plusieurs départements de France veulent mener un "siège de la capitale" ce lundi, conformément aux mots employés par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs. Cette mobilisation d'ampleur a démarré à 14 heures avec les premiers blocages de certaines autoroutes franciliennes. A la gare-péage de Buchelay dans les Yvelines (environ 60 km au nord-ouest de Paris), l'autoroute A13 est bloquée dans le sens province-Paris. De l'autre côté de la capitale, à Jossigny (Seine-et-Marne), un blocage de l'A4 a aussi débuté avec l'installation en épi des premiers tracteurs des deux côtés du terre-plein central. >> Comment le gouvernement s'apprête à y faire face ?

150 tracteurs présents dans l'Oise

Sur la RN31, dans le département de l'Oise, environ 200 agriculteurs font route vers Paris et mènent, en ce moment-même, une opération escargot. L'objectif est de faire pression sur le gouvernement en encerclant la capitale. "Si ça ne bouge pas d'ici au milieu de la semaine, je peux vous assurer que l'Oise sera aux portes de Paris", confirme Régis Resrumaux, président de la FDSEA du département.

Pour Roger Vannier, porte-parole du syndicat, le dispositif de sécurité mis en place par le ministère de l'Intérieur ne modifiera pas les actions prévues. "Je pense qu'ils ont peur des agriculteurs. Mais notre mouvement, on l'a fait dans la dignité depuis le début. On n'est pas là pour casser, on ne cherche pas la bagarre. Notre intérêt, c'est d'avoir les actes et les réponses aux questions que l'on a posées au gouvernement". 

Les convois très bien garnis

"C'est impressionnant de voir tout ce monde qui nous a rejoint. Cette solidarité agricole fait chaud au coeur", exprime auprès d'Europe 1 Arnaud, rencontré au niveau d'une petite commune située entre Agen et Bergerac. "Ce qui donne des frissons, c'est de voir ce soutien de la population en bordure de route. Je pensais qu'au bout d'une semaine de blocage, ça finirait par être un peu mal pris mais non, ici, c'est encore plus intense qu'au début", ajoute-t-il. 

Des agriculteurs se préparent à 25 heures de trajet, direction Rungis

Des dizaines d'agriculteurs de la Coordination rurale sont partis d'Agen ce lundi matin, aux alentours de 9 heures. Ils entament un trajet de 25 heures, en tracteur, pour rejoindre Paris et le marché de Rungis. Jacques, exploitant agricole, était le premier prêt pour ce grand départ : "On dit à la campagne, la terre appartient aux lève-tôt. Je suis en forme mais je ne sais pas si ça va durer parce que ça va être dur pour nous. J'ai 73 ans. On a pris les sacs de couchage. J'ai de l'arthrose cervicale, donc j'ai pris ma minerve, mon anti-migraine. J'ai pris tout ce qu'il faut je pense et j'ai repris du matériel pour réparer au cas où", sourit-il.

Un voyage de 700 kilomètres à 40 km/h. Pour faciliter la vie des manifestants, les repas et l'essence sont pris en charge par le syndicat. "C'est facile parce qu'on a beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde derrière nous, beaucoup de soutien", se réjouit José Lopez, le coprésident. "On a tout ce qu'il faut en logistique : des planchas, des braseros, à manger, du pâté. Le pire ça va être se taper les 25 heures de route en tracteur. Mais pas de problème, on est motivé, on va monter jusqu'à Rungis sans problème."

L'arrivée est prévue mardi à Rungis. Avant cela, les agriculteurs feront étape à Bergerac ce midi, puis prendront la direction de Périgueux, de Limoges, d'Orléans. La nuit prochaine pourrait être difficile et tous espèrent "être accueillis au chaud". L'objectif est d'arriver à Paris extrêmement nombreux.

Sur l'A16, les agriculteurs restent déterminés

Alors, sur l'A16 près de Beauvais où les agriculteurs se réunissent avant de commencer le "siège de la capitale", les agriculteurs assurent n'avoir "même pas peur" de la mobilisation policière. Pour Roger Vannier, l'un des porte-parole de la FDSEA d'Île-de-France, cette présence policière ne changera absolument rien aux actions prévues. "Je pense que (le gouvernement) a peur des agriculteurs. Nous, notre mouvement, on l'a fait depuis le début dans la dignité. On n'est pas là pour casser. Là, ça sera toujours pareil. Ils peuvent mettre des blindés, peuvent mettre tout le monde en face. Nous, on ne cherche pas la bagarre", insiste-t-il au micro d'Europe 1. 

Dans l'Oise, ce sont près de 303 tracteurs et 500 agriculteurs qui sont attendus ce matin pour converger vers Paris avec un seul objectif : obtenir les 140 mesures demandées. "S'il faut durer encore un mois, on le fera. De toute façon, on est déterminé, on ne lâchera rien. C'est quand même notre avenir", assure Gregory, un jeune agriculteur de 25 ans. 

Au total, Vinci recense des coupures sur une dizaine d'autoroutes sur son réseau national. 

 

Le blocage de Lyon en cours

Il n'y a pas qu'autour de Paris que les agriculteurs maintiennent les points de blocage. Sur l'A450, entre la banlieue sud-ouest de Lyon et le cœur de la capitale des Gaules, les éleveurs ont débuté ce lundi matin leur opération, au niveau de Brignais. Un trajet qui est très emprunté le matin par les gens qui vont travailler à Lyon et qui est déjà complètement saturé. Une bonne cinquantaine de tracteurs, tout gyrophare allumé, bloquent tout depuis une 7h30. 

"Il faut absolument que Gabriel Attal et Emmanuel Macron puissent comprendre les agriculteurs. C'est une vraie détresse et donc le but, c'est de bloquer jusqu'à qu'ils puissent céder", explique Sébastien, agriculteur à Mormont. Tous veulent désormais créer ce qu'ils appellent la tenaille lyonnaise, avec des blocages annoncés un peu plus tard dans la journée au péage de Villefranche au Nord, à celui de Saint-Quentin Fallavier sur l'A43, à l'est. D'autant que les taxis lyonnais pourraient mener des opérations escargot sur le périphérique à partir de 8 heures du matin.

15.000 membres des forces de l'ordre mobilisés

Le gouvernement a annoncé que 15.000 membres des forces de l'ordre seraient mobilisés lundi pour empêcher notamment que les tracteurs n'entrent dans "Paris et les grandes villes". À l'issue d'une réunion interministérielle de crise, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a également fait part d'une "modération" demandée aux forces de l'ordre qui ne devront pas "intervenir sur les points de blocage" mais les "sécuriser".

Il a expliqué que le président Emmanuel Macron avait donné "pour consigne" de "garantir que les tracteurs ne se rendent pas à Paris et dans les grandes villes pour ne pas créer des difficultés extrêmement fortes", et également de faire en sorte que le marché international de Rungis "puisse fonctionner ainsi que les aéroports parisiens d'Orly et de Roissy".