L'Autriche taxe les vols de moins de 350 km : "On risque de voir ce type de mesures fleurir un peu partout"

  • Copié
Julien Pearce, édité par Baptiste Denis , modifié à
Le gouvernement autrichien va instaurer une taxe de 30€ pour tous les trajets en avion de moins de 350 km. Il entend également imposer aux compagnies aériennes de proposer des billets à minimum 40€, afin de limiter la casse sociale en leur sein.
INTERVIEW

L'Autriche a annoncé mardi qu’il voulait imposer un prix minimum de 40 € pour les billets d’avion. Avec ces mesures, le gouvernement vise plus précisément les billets à bas prix proposés par les compagnies low-cost. Malgré ces nouvelles réglementations envisagées à l'échelle de l'Europe, les compagnies low-cost devraient réussir à survivre à la crise du coronavirus, selon le spécialiste du transport aérien et consultant chez SHZ Consulting​, Eric Schulz, qui a répondu à nos questions dans la matinale d'Europe 1.

En Autriche, il ne sera plus, à l’avenir, possible pour les compagnies de proposer des billets à moins de 40€, c’est-à-dire inférieur au prix des taxes et des frais réels. Est-ce la fin des vols low-cost en Europe ?

"C’est une mesure qui a pour but d’assainir le secteur et d’éviter un dumping de façade. Chacun sait que des billets à moins de 40€, il n’y en a pas beaucoup. Je pense que la pénétration du low-cost est une évidence. Ça l’était déjà avant les problèmes du Covid, elle l’est toujours après. Je m’attends à ce que ce type de compagnie continue à prendre des parts de marché aux compagnies traditionnelles grâce à leur flexibilité, leurs coûts opérationnels. Le gouvernement autrichien ouvre la voie et essaye d’éviter une offre de dumping, mais je pense que cela ne va plus loin que ça. En tout état de cause, la recette d’un billet low-cost est largement au-delà de 40€."

Le gouvernement autrichien ajoute aussi une taxe de 30€ pour tous les trajets de moins de 350 km. Est-ce une mesure inédite en Europe ?

"C’est inédit mais l’on risque de voir ce type de mesures fleurir un peu partout. La seule possibilité pour les gouvernements d’infléchir la pénétration du marché notamment par les low-cost, c’est d’augmenter la tarification des taxes. Le problème aujourd’hui en Europe, c’est que nous n’avons plus de concurrence entre deux compagnies aériennes mais une concurrence intermodale. C’est à dire que les modes de transport sont différents. Le problème devient kafkaïen. Chaque mode de transport a des avantages et des inconvénients. Pour l’aérien c’est de ne pas payer de taxe sur le fioul. Dans le ferroviaire, on ne prend pas en compte les investissements de base qui sont colossaux. Pour la voiture ce sont les péages. Finalement, il est difficile pour les gouvernements de trouver une concurrence équitable entre les différents modes de transport."

Si les compagnies low-cost rebondissent plus rapidement que les compagnies traditionnelles, vont-elles pouvoir répondre aux attentes du gouvernement français en matière d'environnement ?

"Nous sommes hyper-dépendants d’une industrie qui génère énormément d’emplois. Aussi par les ventes à l’export qui sont fondamentales pour le pays. Il va falloir trouver la bonne articulation tout en répondant aux problèmes environnementaux. Je pense que le gouvernement a pris le problème relativement dans le bon sens. Il fait pression pour que les constructeurs accélèrent leurs technologies pour évoluer le transport aérien et à la fois polluer moins."