Coronavirus 1:58
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Jean-Pierre Montanay , modifié à
Dans sa chronique "Le monde de demain", Jean-Pierre Montanay évoque jeudi soir les séquelles psychologiques du confinement, ainsi que la difficulté pour certains de retrouver une vie normale après ces deux mois très particuliers. 
EDITO

C'est un risque nouveau auquel notre société doit maintenant faire face : aujourd'hui déconfinés, 67 millions de Français doivent réapprendre à vivre après deux mois passés chez eux la plupart du temps. Une période extrêmement particulière, éprouvante psychologiquement, avec des conséquences directes sur la santé mentale des individus les plus fragiles, en pleine crise du coronavirus. Dans sa chronique "Le monde de demain", jeudi soir, Jean-Pierre Montanay alerte sur l'émergence de troubles psychiatriques dans la population.

"Ces presque 60 jours de confinement vont laisser des traces, car tout le monde ne s'est pas épanoui en cuisinant des cookies. Pour beaucoup, c'était une source d'anxiété, pour les plus vulnérables une torture morale apaisée par la consommation en hausse de tabac, d'alcool ou d'anxiolytiques. Entre quatre murs, tout est hypertrophié, la solitude, la douleur du deuil, l'angoisse d'être contaminé, les violences conjugales qui ont explosé dans ces huis-clos confinés.

Le déconfinement n'est pas si facile non plus. Paradoxalement, c'est même parfois plus dur, m'a dit le psychiatre Serge Hefez. Pendant le confinement, l'idée de destin commun, de solidarité, a pu créer du lien social. 

Angoisses et incertitudes sur "l'après"

Dans le traumatisme, on mobilise toutes ses défenses mais depuis le 11 mai, tout s'est effondré. Pour certains émergent les angoisses personnelles liées à une vie de couple malmenée par trop de promiscuité ou aux incertitudes du monde d'après avec le spectre du chômage.

La capacité de résilience de notre société face à ce choc va dépendre des individus. Ces stress post-traumatiques peuvent être la source, selon Serge Hefez, d'angoisses, de cauchemars passagers, d'insomnies, mais aussi de périodes de dépression, de tentations suicidaires, de phobies. 

Aujourd'hui, certains angoissent à l'idée de revoir du monde. C'est peut-être ça la deuxième vague, des troubles psychiatriques en grand nombre, alors que les services spécialisés manquent de moyens et d'effectifs. Ça, ça n'a pas changé."