À l'occasion de la marche des fiertés, Jean-Luc Romero était l'invité d'Europe 1, samedi matin. 8:05
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Pauline Rouquette
Comment réagir face à des États européens affichant une politique ouvertement homophobe ? Samedi, jour de marche des fiertés, Jean-Luc Romero était l'invité d'Europe 1 pour faire un état des lieux de la lutte contre les discriminations à l'égard de la communauté LGBTQI+.
INTERVIEW

À l'occasion de la marche des fiertés, samedi, Jean-Luc Romero, adjoint à la mairie de Paris chargé des droits humains, de l'intégration et de la lutte contre les discriminations, était l'invité d'Europe 1. Parmi les pionniers de cette lutte difficile contre les discriminations à l'égard de la communauté LGBTQI+, il a notamment réagi à la polémique autour du projet de loi hongrois interdisant la "promotion" de l'homosexualité auprès des mineurs.

"Ce qui est très inquiétant, c'est que c'est en Europe"

Alors que la Hongrie serre la vis avec cette loi qui a suscité l'indignation européenne, Jean-Luc Romero estime que le problème est plus profond. "Il y a quelques mois ou quelques semaines, on parlait aussi d'un autre pays qui est au devant de la scène depuis un moment : la Pologne, qui a créé des 'zones interdites'" aux LGBT, rappelle-t-il. "Et puis, cette fois-ci, c'est la Hongrie. Ce qui est très inquiétant, c'est que c'est en Europe."

Une Europe censée porter les valeurs d'inclusion, de respect de chacun dans ses idées et dans sa diversité, insiste-t-il. "C'est pour ça que la réponse de la diplomatie européenne et de la plupart des pays européens est extrêmement importante. Parce qu'on ne peut pas céder là-dessus", poursuit Jean-Luc Romero.

Pour sa défense, lors du sommet des chefs d'États de l'Union européenne, jeudi et vendredi, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a affirmé que sa loi ne portait pas sur les homosexuels, mais concernait davantage la façon dont les parents veulent faire l'éducation sexuelle de leurs enfants. "Ça me fait penser aux années 1960 en France, quand des parlementaires avaient voté une loi sur les fléaux sociaux qui mettait l'alcoolisme et l'homosexualité dans ces fléaux sociaux : on est exactement dans la même chose", répond Jean-Luc Romero, au micro d'Europe 1. "Vous vous rendez compte quand à l'école, des jeunes de 10, 11, 12, 13 ans se forment et qu'on leur présente l'homosexualité et transidentité comme comme quelque chose de pervers ? Comment voulez vous qu'ils soient construits et puissent accepter qu'il y ait, dans une société, des gens qui sont différents ?"

"Il s'agit d'expliquer qu'il y a plusieurs formes d'amour"

Mais alors quelle attitude adopter vis-à-vis des jeunes ? Car c'est là-dessus que repose le projet de loi hongrois. "Il faut parler d'éducation sexuelle, et on ne va pas, d'un seul coup, ne parler que de l'hétérosexualité", insiste Jean-Luc Romero. "C'est déjà très compliqué de se construire quand on est homosexuel. Il ne s'agit pas de faire du prosélytisme, il s'agit d'expliquer qu'il y a plusieurs formes d'amour", poursuit l'adjoint à la mairie de Paris, évoquant le taux de suicide chez les jeunes homosexuels. "Il est sept fois supérieur à celui chez les jeunes hétérosexuels. Ça veut dire que c'est compliqué parce que c'est compliqué d'avoir des repères, même si, bien sûr, il faut dire quand même que la société a évolué."

Aujourd'hui, c'est contre tous les mouvements visant à bloquer cette évolution qu'il faut lutter, estime Jean-Luc Romero, qui prend l'exemple des thérapies de conversion. "Vous vous rendez compte qu'en France, on fait encore ça en 2021 ? Il faut se battre contre tout ça. Il faut se battre contre ce mouvement que les Français n'acceptent plus. Ils sont aujourd'hui d'une ouverture d'esprit qu'on a jamais connue. Et ça, c'est important."