L'Allemagne est, jeudi, un pays endeuillé après la double fusillade perpétré mercredi dans le centre d'Hanau, une commune de 100.000 habitants. L'enquête se poursuit et le parquet antiterroriste a été saisi. Le caractère xénophobe de l'attaque est privilégié. Dans la foulée, la chancelière allemande, Angela Merkel, s'est exprimée. Elle a fustigé "le poison du racisme". "Beaucoup d’éléments indiquent que les motivations de l’assaillant sont d’extrême droite et racistes. Il a agi par haine des gens qui ont une autre origine, une autre religion ou un autre aspect physique. Le racisme est un poison, la haine est un poison", a déclaré la chancelière. Le tireur a effectivement laissé derrière lui une vidéo de revendication et un manifeste de 24 pages raciste conspirationniste.
L'enquête avance
Mercredi, vers 22 heures, un bar à chicha, le Midnight, a été visé par des tirs. Le tireur gagne ensuite, en voiture un deuxième établissement, l'Arena Bar, dans le quartier périphérique de Kesselstadt, où il tue cinq personnes dont une femme. Parmi les tués figurent "plusieurs victimes d'origine kurde", a indiqué la Confédération des communautés du Kurdistan en Allemagne (Kon-Med).
C’est la voiture de l'assaillant qui a permis de remonter la trace de l'assaillant. La berline noire a été vue devant les bars, pris pour cible cette nuit. Il la conduisait seul. Dans cette voiture, les enquêteurs ont retrouvé des munitions et des chargeurs, selon la presse locale, ajoutant que le suspect était muni d'un permis de chasse.
S'il a agit seul cette nuit-là, l’enquête devra toutefois déterminer s’il n’a pas eu des contacts avec d’autres extrémistes notamment sur internet. Il faudra aussi étudier les liens éventuels avec le parti AFD et notamment son tribun Bernanke, qui a appelé lundi soir les patriotes allemands "à passer à l’action". Il y a six jours, un réseau terroriste d’extrême droite a été démantelé en Allemagne d'une dizaine d'allemands. Il voulait justement agir contre des musulmans, le même jour.
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Un manifeste de 24 pages retrouvé
Inconnu des services de police, le tireur, un Allemand de 43 ans, identifié par les médias allemands comme Tobias R., était employé de banque, membre d’un club de tirs et détenteur d’un permis de chasse. Célibataire, il vivait avec sa mère, retrouvée morte à ses côtés ce matin dans leur pavillon.
L'homme a laissé une vidéo et un texte derrière lui, un manifeste de 24 pages écrit dans un allemand parfait. Dans son récit, il mêle des théories raciales des conspirationnistes et une haine des étrangers font il faudrait "nettoyer l’Allemagne des populations qui la détruisent de l'intérieur". Il évoque, là, les étrangers. Il fait part également, dans son écrit, de sa grande frustration sentimentale et sexuelle.
C'est le troisième attentat d’extrême droit en Allemagne en neuf mois. Selon le ministre fédéral de l’Intérieur, la menace d’extrême droite est désormais plus grande que la menace islamiste dans le pays.