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Guillaume Biet et Chloé Triomphe, édité par Antoine Terrel , modifié à
Entendu le 27 novembre par la juge chargée de l'enquête sur la disparition d'Estelle Mouzin en 2003, Michel Fourniret a mis en avant ses troubles de la mémoire et indiqué n'avoir aucun souvenir d'une éventuelle implication. Mais il a toutefois demandé à être traité "comme un coupable".

Est-ce une forme d’aveux ? Michel Fourniret continue en tout cas de cultiver le mystère autour de son implication dans la disparition de la petite Estelle Mouzin en 2003. Lors d'une audience en novembre par la juge d'instruction, dont nous avons pu consulter le procès verbal, l'"ogre des Ardennes", mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivis de mort", mais qui avait toujours nié tout rôle dans cette affaire, s'est montré ambigu et demandé à être traité comme un "coupable". 

Lors d'une audition le 21 novembre, Monique Olivier, son ex-compagne, avait contredit l'alibi fourni par le tueur en série pour le jour où la fillette a disparu. Auditionné à son tour le 27 novembre lors d'un interrogatoire dont Europe 1 a pu consulter le procès-verbal d'une dizaine de pages, Michel Fourniret n'est toutefois pas passé formellement aux aveux, et préféré une formule ambiguë dont il a le secret : "Ma mémoire fiche le camp, mais je ne suis pas complètement sûr de n'y être pour rien". Du pur Michel Fourniret dans le texte, même s'il est atteint de réels troubles de la mémoire. "Elle me fait défaut", dit-il à 77 ans. Et l'ogre des Ardennes d'ajouter : "Ce n'est pas drôle de vieillir, les neurones ils foutent le camp !". 

Loin d'être dupe, la juge Sabine Khéris, lui glisse : "On a l'impression que vous faites le tri dans vos souvenirs". "Absolument pas", rétorque Michel Fourniret, "je joue franc jeu avec vous".

"Je vous exhorte à me considérer comme coupable"

Tout au long de cet interrogatoire de première comparution, le tueur en série n'est toutefois jamais catégorique, et multiplie les "réponses de Normand", comme il le dit lui-même, "possible que oui, possible que non". Face à la photo d'Estelle Mouzin, il répète que "rien ne fait tilt", et que s'il était "pour quelque chose dans (sa) disparition", "ça ne (lui) ferait rien de l'avouer", mais qu'il n'en a "pas souvenance".

Sa dernière réponse se conclut ainsi : "Dans l'impossibilité où je suis de vous dire 'oui', je suis responsable de sa disparition, (...) je vous exhorte à me considérer comme coupable, à me traiter comme coupable". En résumé, sans jamais rien avouer, Fourniret se place lui-même en coupable présumé.