Pour les habitants, la vision de l'immeuble effondré est toujours une souffrance deux ans après. 1:24
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Chloé Triomphe, édité par Margaux Lannuzel , modifié à
"Les victimes sont prises dans un marasme judiciaire", explique à Europe 1 une avocate d'habitants de la rue de Trévise, où une impressionnante explosion a fait quatre morts et 66 blessés en janvier 2019. Deux ans après les faits, si les loyers des victimes sont pris en charge, l'indemnisation n'est pas mise en place et la mairie conteste les conclusions des expertises. 

Il y a deux ans jour pour jour, un immeuble explosait en plein Paris, après une importante fuite de gaz. Quatre personnes sont mortes et 66 autres ont été blessées rue de Trévise, dans le 9ème arrondissement de la capitale, tandis que beaucoup d'autres ont été contraintes de quitter leur logement. Des victimes qui dénoncent une situation au point mort aujourd'hui. 

"Deux ans de galère, d'administratif, c'est hyper long"

"Deux ans après, ça ressemble à ce que c’était il y a deux ans, c’est-à-dire des fenêtres qui sont sur le sol, des gravats, de la poussière, des choses cassées…", témoigne sur Europe 1 Vanessa Mallet, l'une des victimes. "On n’en peut plus, parce que tout est géré par un espace temps juridique, administratif, mais pas par un espace temps humain, de victimes", souffle-t-elle. "Deux ans de galère, d’administratif, c’est hyper long !"

"Les victimes sont prises dans un marasme judiciaire, car tout le monde se renvoie la balle", abonde Me Elsa Crozatier, l'avocate de Vanessa Mallet. "Il y a pourtant des responsables clairement identifiés : la mairie de Paris et le Syndic, tous les deux mis en cause pénalement, mais aussi GRDF, qui pourrait être tenu d’indemniser les victimes en tant que fournisseur du gaz, même s’il n’est pas considéré comme fautif. Il faudrait maintenant que tous ces acteurs acceptent de se mettre autour d’une table pour trouver un accord sur l’indemnisation des victimes." 

"Des situations financières extrêmement difficiles"

En attendant, "se dire que ça va continuer comme ça jusqu’à ce qu’on trouve un responsable, c’est juste insupportable" pour Vanessa Mallet. "Les gens craquent, les gens sont fatigués", témoigne-t-elle. "Cette deuxième année est presque plus dure que la première, parce qu’on se rend compte à quel point c’est dur. Beaucoup de gens rencontrent des situations financières extrêmement difficiles, des pertes de job, des frais médicaux…"

Pour les habitants qui ont dû se reloger, les loyers sont pris en charge. Mais le fonds d'indemnisation promis par la mairie de Paris - mise en examen dans cette affaire - n'a toujours pas vu le jour. "Ok les loyers sont payés, mais il a fallu remeubler, il a fallu tout racheter, de la brosse à dent au canapé, le lit, enfin tout, 100% de votre vie !", pointe Vanessa Mallet, qui a quitté son logement sans même prendre sa carte d'identité après l'explosion. 

La responsabilité de la mairie de Paris en question

Comment expliquer ces lenteurs, alors même que "les rapports sont accablants", selon un autre avocat d'habitants, Me Jonas Haddad ? "Je cite un rapport qui dit très clairement que si la cause de l’affaissement du trottoir qui a provoqué l’explosion avait été recherchée, l’explosion aurait été évitée", dénonce-t-il. Donc il met en cause la mairie de Paris, et pourtant elle essaye de totalement sortir de toute responsabilité alors que d’un autre côté, on nous jure la main sur le cœur qu’on va aider à l’indemnisation des victimes. Ce double discours est assez insupportable."

De son côté, la mairie de Paris conteste les conclusions des expertises et devrait être présente mardi matin au côté des victimes, deux ans après la catastrophe.