L'expérience doit montrer si le coronavirus dégage une odeur spécifique, et si les chiens peuvent la sentir. (Photo d'illustration) 1:18
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Matthieu Bock, édité par Ugo Pascolo avec AFP , modifié à
Huit chiens sont entraînés depuis vendredi à Ajaccio, à détecter une éventuelle odeur dégagée par le coronavirus. Si l'expérience, menée dans le cadre d'un programme appelé Nosais, est un succès, les animaux sont sans doute les premiers d'une longue série. 

Le meilleur ami de l'Homme pourrait-il être aussi un solide allié dans la lutte contre le coronavirus ? C'est en tout cas ce que pense le professeur Dominique Grandjean, chef du service vétérinaire des pompiers de Paris. Il prévoit d’expérimenter des compétences cynotechniques afin de repérer des odeurs particulières qui pourraient être émises par des patients positifs au Covid-19. Huit chiens sont déjà entraînés à Ajaccio depuis vendredi, dans le cadre de ce programme baptisé Nosais.

"On s’est dit qu’il n’y avait pas de raison que le virus ne laisse pas de traces olfactives"

Concrètement, les médecins vont poser des compresses sous les aisselles des malades du coronavirus ajacciens pendant 10 minutes afin de récolter leur sueur. Les chiens vont ensuite renifler ces compresses une centaine de fois par jour pendant une semaine afin de mémoriser une éventuelle odeur spécifique au Covid-19. Puis, ils recevront une récompense à chaque fois qu’ils choisiront la bonne, au milieu d’autres compresses non contaminées. "On s’est dit qu’il n’y avait pas de raison que le virus ne laisse pas de traces olfactives" explique au micro d'Europe 1 Dominique Grandjean.

"Ça a déjà été démontré pour des maladies virales chez les bovins, où les chiens servent d’outil de détection. N’importe quel chien des pompiers, gendarmes, police nationale ou douanes pourrait être formé" poursuit-il. "Un chien capable de détecter des explosifs connaît 40 odeurs différentes. Là, on va simplement en mettre une de plus et ça ne lui posera aucun problème."

Une solution complémentaire aux tests de dépistage ? 

Si l'expérience est validée, les chiens anti-coronavirus pourront apporter une solution complémentaire au dépistage de la maladie. "L’hôpital a besoin de moyens de dépistage nombreux et fiables", commente de son côté, Jean-Luc Pesce, directeur du CHU d'Ajaccio. "Aujourd’hui, le test PCR a une fiabilité de 70%. Nous avons donc besoin de le croiser avec d’autres types de dépistage."

Les premiers résultats de cet essai Nosais seront connus mi-mai. Après la Corse, d’autres territoires devraient rejoindre l'expérience dans les prochaines semaines, comme le service d'incendie et de secours de Seine-et-Marne ou le bataillon des marins-pompiers de Marseille. Il serait donc possible de voir dans les prochains mois ces chiens postés notamment dans les aéroports, pour tester un grand nombre de personnes, en un minimum de temps.