Covid France coronavirus test PCR 6:20
  • Copié
Pauline Rouquette , modifié à
La situation sanitaire est préoccupante en France. Pourtant, selon le professeur Antoine Flahault, la situation du pays est "parmi les meilleures en Europe". Le directeur de l'Institut de santé globale de Genève a expliqué, samedi sur Europe 1, que le taux de reproduction du virus y est moins élevé que dans d'autres pays.
INTERVIEW

Face à la pandémie de Covid-19, la situation française est-elle si mauvaise que ça ? "La situation est préoccupante dans toute l'Europe", rappelle Antoine Flahault, docteur en médecine et biomathématique, invité d'Europe 1, samedi. "Mais la situation française est parmi celles qui sont les meilleures en Europe, si l'on regarde la force de l'arrivée de cette vague."

Professeur de santé publique, Antoine Flahault, qui dirige l'Institut de santé globale de Genève, travaille notamment sur la surveillance électronique des maladies et sur l'épidémiologie prévisionnelle. Selon lui, si la deuxième vague de coronavirus est inquiétante en France, elle demeure toutefois mieux contrôlée que dans d'autres pays du continent. En témoigne le critère du taux de reproduction.

"On est dans une épure qui est encore contrôlable"

Le taux de reproduction, c'est le fameux "R" dont la valeur "devrait être en-dessous de 1 pour avoir une épidémie contrôlée", rappelle le professeur. Or, bien que les pays européens soient aujourd'hui tous au-dessus de 1, il se trouve que le taux de reproduction du virus, en France, est légèrement en-deçà de celui d'autres pays. Des pays qui ont d'ailleurs souvent été érigés en bons élèves de la lutte contre la propagation du Covid-19. "Par exemple, en Suisse, on est à plus de 1,4", affirme Antoine Flahault. En France, ce taux de reproduction se situe entre 1,2 et 1,3. "On est dans une épure qui est encore contrôlable", ajoute-t-il.

La force de la deuxième vague, deux fois inférieure à la première

L'Allemagne, dont la gestion de la crise sanitaire a longtemps été saluée voire admirée, ce taux est aujourd'hui proche de ceux des autres pays européens qui connaissent une vague automnale élevée. "L'Allemagne est partie un peu plus tard", explique le directeur de l'Institut de santé globale de Genève. "Elle avait contrôlé le processus de circulation du virus pendant plus longtemps durant l'été. Elle est partie un peu plus tard, mais avec une force plus élevée", poursuit-il, évoquant le décalage de processus entre l'Allemagne et la France.

Toutefois, précise Antoine Flahault, la force de cette deuxième vague demeure sans commune mesure avec la première vague subie au printemps dernier. "Elle est, en Europe deux fois inférieure - en France, un peu plus de deux fois inférieure - à celle que l'on a connue en mars ou en avril", développe-t-il. "On est donc dans un processus différent."

Le couvre-feu, un "levier" pour compenser le frein estival

Alors que le Premier ministre français a annoncé, jeudi, l'extension du couvre-feu à plusieurs dizaines de départements supplémentaires, Antoine Flahault évoque ce "levier" comme "un frein" à la progression du virus. "On a eu, pendant l’été, un très bon contrôle de l’épidémie", rappelle-t-il, évoquant l'absence de remontée des hospitalisations, l'absence d'encombrement de lits de réanimation et l'absence de remontée des décès liés au Covid-19. À cette époque de l'année, dit-il, les deux freins demeuraient les gestes barrières et la saison estivale qui, sur les virus respiratoires, est un frein puissant.

"En Europe, tous les pays ont eu une action suffisante pour que le frein estival permette un blocage pendant l’été", explique-t-il. Aujourd'hui, la situation est différente, le frein estival étant levé. "Il faut donc compenser ce levier avec un autre frein, qui est la réduction du nombre de contacts". Toutefois, en ce qui concerne les hypothèses de reconfinement, Antoine Flahault estime que "puisque l'on part de moins haut que mars ou avril, peut-être que nous n'avons pas besoin de mettre toutes les mesures de confinement en branle". Dans un premier temps, avec le couvre-feu, dit-il, "les Français ont mis en place une mesure de confinement nocturne."