Coronavirus : "On confine à l'aveugle" faute d'outils pour déterminer où on se contamine

Pour Philippe Juvin, le manque de données précises sur les lieux de contamination, conduit à "une impression d'impréparation permanente et d'improvisation qui casse la confiance du peuple dans ses dirigeants."
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Ugo Pascolo , modifié à

Invité d'Europe Soir, le chef des urgences de l'hôpital Georges Pompidou, Philippe Juvin, déplore le manque de données sur les lieux précis où se font les contaminations en France. Un "gros trou dans la raquette" qui a pour principale conséquence un "confinement à l'aveugle". 

C'est l'un des "gros trous dans la raquette française concernant la lutte contre le coronavirus". Invité d'Europe Soir au lendemain du premier week-end du reconfinement, Philippe Juvin fustige une "sorte d'amateurisme" et "l'impréparation" du gouvernement dans sa gestion de crise. Dans le viseur du chef des urgences de l’hôpital Georges Pompidou, et maire LR de La Garenne-Colombes, le manque de données sur les lieux où se produisent en France les infections au coronavirus. 

Un manque cruel d'outils d'analyse de données...

"De tout temps dans les épidémies, il y a un grand principe : "identifier où se font les infections." Mais, alors que la seconde vague de Covid-19 déferle sur l'Hexagone, "on a toujours pas ces outils", regrette le spécialiste. "Donc on reconfine à l'aveugle, on crée des troubles et les gens ne comprennent pas", tacle Philippe Juvin. "Par exemple : si on trouve beaucoup d'infections dans les bars, mais aucune dans les commerces, faut-il tuer les commerces en les fermant administrativement ? Bien-sûr que non." 

"Si nous avions une analyse fine des lieux d'infection, la décision d'un reconfinement serait plus facile à accepter pour les Français." 

... qui entraîne un déficit de confiance envers le gouvernement

Pour Philippe Juvin, le manque de données précises sur le sujet, conduit à "une impression d'impréparation permanente et d'improvisation qui casse la confiance du peuple dans ses dirigeants." Une situation qui est à l'origine, selon lui, des mouvements de contestations violents contre les nouvelles restrictions en Espagne ou encore en Italie. Il avance d'ailleurs que ces violences peuvent aussi se produire en France. "Le risque maintenant, c'est la crise de désobéissance : quand vous n'avez pas confiance dans vos gouvernants, vous vous rebellez."

Pour éviter d'en arriver à de telles extrémités, Philippe Juvin appelle à ce que le gouvernement explique clairement la situation et ses décisions, chiffres à l'appui.