Suite à l'allocution du président Emmanuel Macron concernant les nouvelles mesures de confinement visant à limiter la propagation du coronavirus, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé, lundi soir, le déploiement de 100.000 policiers et gendarmes sur le territoire national afin de contrôler les déplacements des Français. Des contrôles qui n'ont pas été anticipés, déplore Fabien Vanhemelryck, contacté par Europe 1. Secrétaire général du syndicat Alliance Police Nationale, il dénonce l'absence de moyens nécessaires permettant à la police d'intervenir en assurant sa propre sécurité.
"On ne mènera les missions que si l'on est protégés"
"C'est bien gentil ce que nous dit le ministre de l'Intérieur, mais on ne peut pas se contenter de déclarations télévisées", lance le secrétaire général du syndicat policier. "Il aurait fallu anticiper pour avoir les moyens de protection nécessaires", poursuit-il, évoquant des policiers n'ayant toujours pas de gel hydroalcoolique, de masques et aucun autre moyen de protection. "Ils ne peuvent pas appréhender des situations dangereuses parce qu'ils n'ont pas le matériel nécessaire. Or, les policiers ne peuvent pas faire avec rien !", ajoute-t-il, déplorant que des centaines de collègues se trouvent déjà en confinement après avoir été contaminés. "On ne mènera les missions que si l'on est protégés".
Fabien Vanhemelryck le martèle : les mesures annoncées sont floues, tant au niveau d'interventions auprès de personnes potentiellement contaminées, que du contrôle des Français auxquels il a été demandé de limiter leurs mouvements.
"Les policiers feront ce qu'ils peuvent"
"Bien entendu qu'il fallait limiter les déplacements", concède-t-il, "mais encore aurait-il fallu encore anticiper sur la mise en place et les modalités" des contrôles. En effet, dès mardi midi, toutes les personnes qui circuleront devront être "en mesure de justifier leurs déplacements", a déclaré Christophe Castaner lundi soir. Une amende de 38€ pourra alors être donnée à quiconque ne respecte pas les mesures de confinement. Amende qui pourra très vite être rehaussée à 135€.
Mais là encore, Fabien Vanhemelryck dénonce un manque de clarté. "Nous allons devoir commencer par de la prévention, parce qu'on ne va pas tout de suite devenir répressifs", pense-t-il. "Est-ce que le gouvernement veut que l'on soit directement dans les mesures coercitives ? Si l'on verbalise, comment on verbalise ? Est-ce que l'ordonnance est tombée ? Aujourd'hui on n'a rien !", abonde-t-il, regrettant de voir "de nouveau" ses collègues "livrés à eux-mêmes". Des collègues qui, faute d'instructions claires, "feront ce qu'ils peuvent", dit-il.
Et ces doutes couvrent l'ensemble des annonces faites par le ministre de l'Intérieur, estime Fabien Vanhemelryck qui se questionne également sur l'attestation sur l'honneur mise en place pour justifier les déplacements des Français. "Quelle valeur a-t-elle ? Si le fonctionnaire de police vient à s'apercevoir que la personne interpellée nous ment sur son attestation de sortie, qu'est-ce qu'on fait ?", demande-t-il, en appelant au "bon sens" et à la "discipline" de la population.