Coronavirus : la justice suspend le couvre-feu dans trois communes de l'Oise

Des arrêtés préfectoraux avaient prolongé le couvre-feu dans trois communes de l'Oise.
Des arrêtés préfectoraux avaient prolongé le couvre-feu dans trois communes de l'Oise. © AFP
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avec AFP
Trois arrêtés préfectoraux avaient prolongé le couvre-feu en vigueur dans les villes de Compiègne, Creil et Nogent-sur-Oise. Saisi par la Ligue des droits de l'homme, le tribunal administratif d'Amiens a ordonné leur suspension.

Le tribunal administratif d'Amiens a ordonné samedi la suspension du couvre-feu appliqué dans trois communes de l'Oise pour prévenir l'épidémie du Covid-19, estimant que ces mesures portaient une "atteinte grave" à "la liberté fondamentale d'aller et venir". Le tribunal était saisi par la Ligue des droits de l'homme (LDH) au sujet de trois arrêtés préfectoraux pris le 10 mai, soit la veille du début du déconfinement, pour les villes de Compiègne, Creil et Nogent-sur-Oise, qui prolongeaient des décisions similaires du 23 mars dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire.

La situation sanitaire ne s'est pas dégradée depuis le 11 mai

Dans son ordonnance, le tribunal a considéré notamment que si les "violences urbaines" et les "rassemblements sauvages" ayant eu lieu dans ces trois communes, où ils risquaient de "contribuer à la dégradation sanitaire", peuvent justifier des "mesures appropriées [...] dans les secteurs où ils se déroulent", une "interdiction générale de circulation sur l'ensemble" des communes n'était pas en revanche "une mesure justifiée et proportionnée".

La Ligue des droits de l'homme est ainsi "fondée à soutenir" qu'il s'agit là d'une "atteinte grave et manifestement illicite à la liberté fondamentale d'aller et venir", conclut le tribunal. Ce-dernier relève aussi que, même si la situation sanitaire reste "fragile" dans l'Oise, elle ne s'est pas dégradée depuis le 11 mai, ce qui ne justifie pas d’interdire tous les déplacements nocturnes sur ces communes.

 

"Attentatoire aux libertés"

"Nous sommes très satisfaits. Nous critiquions la généralité, c'est-à-dire le fait que l'interdiction portait sur tout le territoire de la commune et qu'on prenne une décision attentatoire aux libertés de manière trop globale. Le tribunal l'a reconnu", s'est félicité auprès de l'AFP l'avocat de la LDH, Patrice Spinosi.

 

"En réalité, il est apparu que, sous couvert d'urgence sanitaire, ce qui justifiait ce couvre-feu était une problématique sécuritaire. On ne peut contourner la finalité sanitaire par un couvre-feu sécuritaire. Cette décision marque le coup des limites des pouvoirs des préfets, même dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire", a-t-il ajouté. Le préfet a "pris acte" de cette décision et ne fera pas appel, a indiqué à l'AFP la préfecture.