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Laetitia Drevet
Après huit semaines passées confinés certains, loin de regretter bureau, cafés bondés et rythme effréné, avaient pris goût à cette vie de reclus, et redoutent à présent de devoir retourner à leur vie normale. "Il faut raison garder. Pour la majorité d'entre nous, retrouver la liberté de bouger, ne va pas être un stress", relativise le pshychiatre Michel Lejoyeux. 

J-4 avant la fin du confinement. Après huit semaines passées en grande partie chez eux pour éviter le coronavirus, les Français pourront à nouveau se déplacer (dans un rayon de 100 km) et rencontrer leurs proches (pas plus de 9 personnes à la fois) à partir du 11 mai. Un nouveau changement de vie que tout le monde n'attend pas, loin de là. "J’ai pris un rythme de vie qui me convient presque plus qu’avant", affirme Marc sur Europe 1. Alors doit-on s'attendre à une déprime post-confinement ? 

"Il faut raison garder. Pour la majorité d'entre nous, reprendre une vie normale, retrouver la liberté de bouger, ne va pas être un stress. Il ne faut pas que les professeurs de psychiatrie inventent sans cesse de nouvelles maladies...", estime Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Bichat, jeudi au micro de Matthieu Belliard. Il appelle à ne pas "médicaliser" à tout va des émotions simplement relatives à un changement de vie. "Je vois mal des hordes de patients se présenter à mon bureau parce qu'ils n'arrivent pas à passer outre le confinement... Notre esprit est programmé pour s’habituer et se déshabituer", sourit-il. 

"J'ai des crises d'angoisse à l'idée de reprendre le métro"

Les craintes relatives au déconfinement sont toutefois multiples : retour au travail, aux interactions sociales, aux transports en commun, et tout cela malgré la menace du virus qui plane. Roger témoigne : "J'ai déjà des crises d'angoisse à l'idée de reprendre le métro, mais pour mon travail, je n'ai pas le choix." "Comme 60 millions d'entre nous, Roger va apprendre à vivre avec le risque", répond Michel Lejoyeux. En adoptant toutes les précautions nécessaires, dit-il, nous apprendrons à apprivoiser nos craintes. "On va très vite s'y adapter !", s'exclame le médecin. 

D'après lui, seuls ceux qui étaient déjà malades avant le confinement, psychologiquement ou physiquement, sont menacés d'une rechute à la sortie. "C'était plus difficile de voir un médecin, d'obtenir ses médicaments... Tout cela fait que les traitements ont été un peu moins pris", prévient-il. Aux autres, qui ne souffraient avant le confinement d'aucun trouble particulier, Michel Lejoyeux conseille simplement d'opérer un "petit bilan de santé". "Faire du sport, réduire l'alcool... On fait le point sur ce dont on a besoin. Mais ne dramatisons surtout pas !"