Près de 3.200 personnes sont déjà dans un service de réanimation.
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, édité par Jonathan Grelier
Face à la deuxième vague de Covid-19, des médecins craignent de devoir prochainement trier les patients qui pourront aller ou non en réanimation. "J'ai peur qu'on soit obligés de faire des choix qui poseront des problèmes", s'inquiète Jean-Michel Constantin, de la Pitié-Salpêtrière, vendredi sur Europe 1.

Le bilan de l'épidémie de Covid-19 a dépassé jeudi les 36.000 morts en France, avec 250 décès au cours des dernières 24 heures et 400 nouvelles admissions en réanimation. Dans ces services, le nombre de malades s'élève désormais à près de 3.200. Face à l'ampleur de cette deuxième vague, les médecins craignent de devoir faire très rapidement des choix contestables d'un point de vue éthique.

"Malheureusement, au vu de la dynamique de l'épidémie, pour les deux à trois semaines qui viennent, c'est-à-dire avant qu'on ait l'effet bénéfique du confinement, j'ai peur qu'on soit obligés à un moment de faire des choix qui poseront des problèmes sur les plans éthique, sociétal et humain", s'inquiète par exemple Jean-Michel Constantin, chef du service de réanimation à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, vendredi sur Europe 1.

"Choisir les patients qui pourront bénéficier de la réanimation"

"Le risque, c'est qu'on soit amenés à être obligés de choisir les patients qui pourront bénéficier de la réanimation", lâche, plus clairement, le soignant. Lors de la première vague, seules deux régions avaient été très fortement touchées, l'Île-de-France et le Grand Est. Elles avaient ainsi pu bénéficier de renforts d'autres régions. Cette fois-ci, alors que l'épidémie frappe tout le territoire, le risque de saturation du système hospitalier est donc supérieur encore.

Reste que le personnel hospitalier va bien sûr tout faire pour éviter des choix dramatiques. Tout d'abord, les hôpitaux vont rouvrir les lits fermés par manque de personnel. Il y en aurait environ 400 dans le pays. Ensuite, les établissements hospitaliers vont déprogrammer les opérations non urgentes, ce qui a déjà commencé dans presque toutes les régions. Viendra après le moment de pousser les murs, en transformant un service de pédiatrie ou de chirurgie en réanimation par exemple. Puis le rappel de la réserve sanitaire, avec les médecins à la retraite et les étudiants en médecine.

L'option d'un soutien de l'armée

Dernière option envisagée : le soutien de l'armée aux hôpitaux. Comme lors de la première vague, elle pourrait installer des hôpitaux de campagne. Cela avait notamment été le cas à Mulhouse. L'armée est prête. C'est désormais au gouvernement d'exiger son appui dans les régions où cela sera nécessaire.