Contrôles au faciès : la police doit questionner des "façons de travailler", pour Korell

Emmanuel Macron a promis vendredi le lancement en janvier d'une plate-forme nationale de signalement des discriminations.
Emmanuel Macron a promis vendredi le lancement en janvier d'une plate-forme nationale de signalement des discriminations. © JEFF PACHOUD / AFP
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Jonathan Grelier
Les principaux syndicats de police ont appelé à cesser les contrôles d'identité, samedi, à la suite des propos de vendredi d'Emmanuel Macron sur les contrôles au faciès. "Je crois qu'on doit, nous, police, être en capacité de remettre en cause certaines façons de travailler", réagit l'ancien policier Christophe Korell, samedi sur Europe 1.

La relation entre l'exécutif et les forces de police se sont tendues, samedi, avec l'appel des deux principaux syndicats de gardiens de la paix à cesser les contrôles d'identité. Alliance et Unité SGP reprochent au chef de l'État ses propos tenus sur le média en ligne Brut. Emmanuel Macron a expliqué vendredi vouloir regarder en face la question des contrôles au faciès. "Aujourd'hui quand on a une couleur de peau qui n'est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé (..) On est identifié comme un facteur de problème et c'est insoutenable", a-t-il déclaré, promettant le lancement en janvier d'une plate-forme nationale de signalement des discriminations.

"Ça passera par une volonté politique"

"Je ne crois pas qu'il faille continuer à hystériser le débat, c'est juste contre-productif ce qu'on fait là", réagit Christophe Korell, ancien policier et président de l'association Agora des citoyens de la police et de la justice, à propos de la grève, samedi soir sur Europe 1. "Je crois qu'on doit, nous, police, être en capacité d'être réflexif et de remettre en cause certaines façons de travailler. Et ça, par contre, ça passera par une volonté politique", ajoute-t-il.

"Le problème, c'est que nous on n'hystérise pas grand-chose, on est le porte-parole des fonctionnaires de police qui, eux, subissent depuis des mois plusieurs vagues de 'potentiels' racisme systémique, violences systémiques et dysfonctionnements avec des effets loupes sur des affaires emblématiques", réfute Grégory Joron sur Europe 1. Le secrétaire général délégué du syndicat Unité SGP Police-FO estime que "le problème de la police", notamment concernant les contrôles au faciès, est "occulté".

"Forcément que mes collègues ne vont pas contrôler la dame avec son petit Caddie"

"On nous demande de lutter contre les trafics de stupéfiants. On nous envoie dans des quartiers avec une population issue majoritairement de l'immigration, donc forcément que mes collègues ne vont pas contrôler la dame avec son petit Caddie qui va au marché pour chercher ses légumes, si on veut lutter contre les stupéfiants... Forcément on contrôle souvent des jeunes, et souvent des jeunes hommes qui sont en effet potentiellement issus de l'immigration", décrit-il.

Mais pour lui, la question des conséquences de cette politique pour les policiers doit être posée. "Si mes collègues ne font pas le travail, on leur dit : 'Vous n'avait rien fait de la journée'. Et s'ils le font, on leur dit 'il faut arrêter de contrôler les gens', sinon vous êtes accusés de contrôle au faciès !"

"Pas de vision à long terme" pour la police

"Ça fait 40 ans qu'il n'y a pas de programme pour la police, pas de vision à long terme", déplore Christophe Korell qui pense que le gouvernement actuel "ne fera pas grand-chose", notamment en raison d'un agenda législatif serré et d'un travail insuffisant fourni en amont.

Un "jeune homme perçu comme noir ou arabe (...) a une probabilité 20 fois plus élevée" d'être contrôlé que l'ensemble du reste de la population, avait estimé le Défenseur des droits dans un rapport publié en janvier 2017.