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Alors que l'exécutif vient d'annoncer un plan pour venir en aide aux associations qui agissent dans les banlieues, de nombreux observateurs tirent la sonnette d'alarme sur la situation de l'école publique dans les quartiers défavorisés. 
LE TOUR DE LA QUESTION

L'exécutif veut renouer le lien avec les banlieues. Lundi après-midi, en marge d'un déplacement dans l'Essonne, Emmanuel Macron s'est invité dans une association de quartiers d'Évry-Courcouronnes. Il y a notamment annoncé un "grand plan" à venir pour soutenir les associations qui agissent dans les quartiers les plus défavorisés. Pour beaucoup d'observateurs, il y a en effet urgence à ce que l'État s'investisse dans les banlieues et soutiennent les acteurs de terrain, et notamment dans un domaine où l'enjeu est peut-être plus élevé que les autres : l'Éducation.

"C'est un sujet sur lequel le président doit apporter des réponses", insiste ainsi Philippe Rio, maire PCF de Grigny, invité mercredi de Wendy Bouchard sur Europe 1. Dans cette ville de l’Essonne comme dans de nombreuses autres villes, les écoles souffrent notamment de surpeuplement. "J'ai plus d'enfants dans mes écoles que d'enfants recensés par l'Insee, et donc je perds de l'argent", déplore-t-il. En cause : le nombre d'enfants issus de l'immigration, encore difficile à chiffrer. "Autre scandale : ce sont les enseignants les plus jeunes que l'on envoie au charbon dans les territoires les plus difficiles", relate l'élu communiste. 

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

Entendu sur europe1 :
Nous faisons tous le même constat : la réussite éducative a besoin de moyens

Pour Philippe Rio comme pour de nombreux maires, l'Etat doit se saisir de la question, pour offrir davantage d'accompagnement aux élèves défavorisés. "Nous faisons tous le même constat : la réussite éducative a besoin de moyens", renchérit Catherine Arenou, maire divers droite de Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines. Sa commune a notamment mis en place un partenariat avec l'Essec, une grande école de commerce, pour fournir du tutorat et des stages en entreprise aux collégiens de banlieue. Mais de tels projets demandent du personnel et des moyens. "Je n'ai pas diminué les subventions depuis dix ans, mais cela ne suffit pas", alerte Catherine Arenou. 

Pour autant, le succès de l'école publique dans les banlieues ne tient-il qu'à une question d'argent ? "Il y a effectivement ce problème de moyens. On voit bien que l'investissement pour les établissements de Seine-Saint-Denis, par exemple, est bien moindre que pour les établissements parisiens. Mais l'Etat essaie de faire pas mal de choses. Le problème, c'est qu'il y a des phénomènes mécaniques", nuance pour sa part Jérôme Saint-Marie, président de la société d’études et de conseil PollingVox, toujours sur Europe 1.

Entendu sur europe1 :
L'Éducation nationale se trouve dans une situation de difficulté énorme

"Si en Seine-Saint-Denis il y a trois fois plus d'enseignants débutants que la moyenne, c'est aussi parce que les enseignants eux-mêmes évitent ces territoires. Ce sont des stratégies individuelles", poursuit le politologue. "Il y a aussi des différences sociales et d'origine des élèves. Et enfin, vous avez une progression de l'enseignement privé. Il y a une séparation très nette, dans ces territoires, entre ceux qui peuvent mettre leur enfant dans une école privée et les autres", enchaîne-t-il. Et de conclure : "L'Éducation nationale se trouve dans une situation de difficulté énorme, où elle doit gérer des populations qui n'ont pas toujours une bonne pratique du français, et en même temps il y a une écrémage entre école publique et école privée. Or, le niveau des écoles est un choix essentiel dans le choix d'habitation."

Comme souvent lorsqu'il s'agit des problématiques de banlieues, les associations viennent compenser les lacunes de l'État et des collectivités, y compris en matière d'éducation. "C'est l'une de nos priorités", confirme ainsi sur Europe 1 Ahmed Imzil, président de l'Association de la jeunesse pour l'action de la culture (Ajac). Son association a notamment mis en place un système de "coaching" visant à préparer les lycéens des quartiers défavorisés aux examens, baccalauréat ou autres. "En moyenne, dans ces quartiers, une personne sur trois obtient le bac. Avec ce programme, nous avons 90% de réussite aux examens", se réjouit-il. Ce programme a, pour l'heure, pu bénéficier à une centaine d'élèves. L'association espère pouvoir étendre bientôt ces activités, mais elle aura besoin de soutiens. Les regards sont désormais tournés vers l'Etat et le "grand plan" promis par Emmanuel Macron.