Publicité
Publicité

Agressions sur mineurs : des écoles parisiennes en pleine tourmente, face à l’indifférence de la mairie de Paris

Jean-Baptiste Marty . 2 min
Depuis le début de l’année, au moins 30 animateurs du périscolaire ont été suspendus.
Depuis le début de l’année, au moins 30 animateurs du périscolaire ont été suspendus. AFP / © Antoine Boureau / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Les signalements d’agressions physiques et sexuelles se multiplient dans les écoles de la capitale. En 2025, trente animateurs ont été suspendus, dont plus de la moitié pour des suspicions de faits à caractère sexuel. Démunis, sans accompagnement et délaissés par la Ville de Paris, les parents dénoncent un système qui tarde à réagir malgré les nombreuses plaintes.

Les affaires d’agressions sexuelles au sein du périscolaire parisien se multiplient, et les témoignages de parents se font de plus en plus nombreux. 

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Depuis le début de l’année, au moins 30 animateurs ont été suspendus, dont 16 pour des suspicions de faits à caractère sexuel, un chiffre stable depuis deux ans. À cela s’ajoutent 15 enquêtes ouvertes en 2025 concernant des faits présumés dans des écoles maternelles.

"Je ne veux plus y aller"

Mathieu, père d’une élève de 6 ans scolarisée dans une école publique de l’Est parisien, évoque deux années d’inquiétude grandissante. "Dès la moyenne section, mon enfant a montré des signes selon lesquels elle ne voulait plus aller au périscolaire. Quand elle se réveillait, la première chose qu’elle me disait c’était : je ne veux plus y aller", explique-t-il.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Les premiers changements de comportement apparaissent alors que la fillette entre en grande section. Puis un jour, à la maison, alors qu’elle déjeune avec des amies, Mathieu surprend des jeux et des propos qui l’alarment. 

"Ce sont des choses que des enfants ne peuvent pas tenir. Et parallèlement, je vois que son comportement aux toilettes change aussi", rapporte le père de famille. 

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Une alerte qui reste sans réponse

Face à ses interrogations, Mathieu se tourne vers l’école. Il est reçu par la directrice, qui le renvoie vers les services administratifs de la Ville de Paris. Une démarche qui n’aboutit à aucune action immédiate.  Le père parle d’une véritable omerta. "Quand c’est une institution privée, tout le monde se lève. Là, quand c’est la Ville de Paris, on nous répond qu’il y a conscience du problème, mais on ne veut pas déclencher une inspection", dénonce-t-il. Après plusieurs mois de démarches, trois animateurs de l’école sont finalement suspendus.

D’autres familles assurent vivre des situations comparables, notamment dans le 11e et le 12e arrondissement. Un parent contacté par Europe 1 affirme que l’équipe pédagogique de l’école de son enfant aurait tu pendant trois ans une agression sexuelle qui se serait produite en 2022, avant que la victime ne s’exprime récemment. Ces éléments relèvent de témoignages de familles et font l’objet d’enquêtes judiciaires en cours.

La suite après cette publicité

Une réponse municipale jugée insuffisante

Face à la multiplication des signalements, la mairie de Paris a annoncé mi-novembre un plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles faites aux enfants, incluant la création d’un poste de défenseur des enfants et un renforcement de la formation des animateurs. 

Pour Inès de Raguenel, élue du groupe d’opposition Changer Paris, ces mesures sont très loin du compte. "Ce n’est pas en nommant un défenseur des droits qui interviendra après les faits que cela marchera. Il faut empêcher que des pédocriminels entrent dans les écoles", insiste-t-elle. 

L’élue, proche de la candidate Rachida Dati, avance plusieurs propositions. "Qu’aucun animateur ne soit seul avec un enfant, un contrôle immédiat des antécédents de tous les agents périscolaires en poste, et la suspension temporaire des interventions associatives sur le temps périscolaire", réclame-t-elle. Les élus d’opposition pointent aussi un manque de transparence sur les enquêtes en cours, laissant des familles "délaissées" et "sans accompagnement". 

Face à la gravité des témoignages, Inès de Raguenel et Nelly Garnier, conseillère LR de la ville et porte-parole de Rachida Dati, ont effectué la semaine dernière un signalement au procureur de la République, en vertu de l’article 40 du Code de procédure pénale.