Une majorité du territoire possède des nappes phréatiques moins remplies qu'habituellement. 2:29
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Margaux Fodéré avec Juliette Bonnin, édité par Gauthier Delomez , modifié à
Toute la France est concernée par la sécheresse, alors que le mois de juillet dernier a été le deuxième mois le plus sec depuis le début des relevés de Météo France. Entre les très faibles précipitations et la sécheresse des sols, les réserves françaises d’eau de surface et d’eau souterraine sont basses.

La France n’a presque jamais été aussi sèche. Vingt-sept départements sont placés en vigilance orange canicule depuis ce mardi. Toute la France est concernée par la sécheresse, et 93 départements font l’objet de restrictions d’eau. Dans le Var, le village de Seillans est même obligé de se faire livrer de l’eau en camions-citernes. Mais où sont passées les réserves d’eau de la France ? Europe 1 fait le point à l'aide de cartes.

Seulement 9,7 millimètres de précipitations en juillet

Tout d’abord, il y a l’eau de pluie que nous n’avons tout simplement pas reçue cette année. Au mois de juillet dernier, il est tombé seulement 9,7 millimètres de précipitations. C’est dix fois moins que l’année dernière et 84% de moins que la normale sur la période 1991-2020, à 61,6 millimètres. Juillet 2022 est ainsi devenu le deuxième mois le plus sec depuis le début des relevés Météo France en 1959.

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Conséquence visible de cette sécheresse : en montagne, les lacs sont plus bas, les barrages sont moins remplis. D’ailleurs, ceux exploités par EDF le sont à seulement 69%, soit onze points en dessous de la moyenne historique. Le déficit est particulièrement fort dans les barrages EDF des Alpes du sud où le taux de remplissage est inférieur de 26 points à la moyenne historique.

Des nappes phréatiques particulièrement basses

Ce manque d’eau est très problématique parce que la pluie alimente moins nos réserves de surface. Il y a moins d’eau dans les fleuves, les étangs, les rivières. C’est la raison pour laquelle nous avons plus de mal à assumer les 5,3 milliards de mètres cubes d’eau que nous consommons chaque année.

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Ensuite, en plus de l’eau de surface, il y a aussi l’eau souterraine qui représente un stock de 2.000 milliards de mètre cubes. Un trésor qui représente l’équivalent de 8.380 milliards d’euros, au prix moyen de l’eau en France. Mais cette richesse est, elle aussi, fragile : en Provence, sur la Côte d’Azur ou encore en Charente, les nappes phréatiques sont particulièrement basses.

Entre l’eau de surface et l’eau souterraine, nos réserves sont donc plus faibles cette année pour répondre à nos besoins. L’agriculture utilise 45% de l’eau consommée chaque année, devant le refroidissement des centrales électriques à 31%. Ensuite, l’eau potable consomme 21% de l’eau, pour les usages destinés à la population comme l’alimentaire, le sanitaire ou encore l’hygiène.

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Un usage contrôlé de l’eau

Et si on manque d’eau, théoriquement, on peut creuser dans son jardin pour en trouver. En France, juridiquement, l’eau est une res communis, c’est-à-dire qu’elle n’appartient à personne mais que son usage est commun à tous. En revanche, si le forage dépasse dix mètres de profondeur, il doit obligatoirement être déclaré à la police de l’eau, comme l'explique Jérôme Nicolas, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières.

"Certains forages d’eau sont soumis à déclaration, d’autres sont soumis à autorisation, en fonction des volumes prélevés et de l’usage, et d’autres vont être soumis, selon les volumes aussi, à redevance par l’Agence de l’eau", détaille-t-il au micro d'Europe 1. Cette redevance peut varier de zéro à 15 centimes d’euro par mètre cube selon les quantités puisées. En cas de sécheresse, les préfets peuvent aussi fixer l’ordre de priorité dans les usages de l’eau.