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Cambriolage au Louvre : la Cour des comptes étrille les choix du musée, qui a privilégié l'attractivité à la sécurité

Europe 1.fr - Mis à jour le . 2 min
La cour des comptes pointe du doigt la gestion du Louvre.
La cour des comptes pointe du doigt la gestion du Louvre. © Bertrand GUAY / AFP

Presqu'un mois après le vol des bijoux de la couronne de France, la Cour des comptes pointe du doigt ce jeudi la gestion du Louvre. Les Sages dénoncent notamment que le musée ait privilégié des "opérations visibles et attractives" au lieu d'investir dans la sécurité du site.

Près de trois semaines après le cambriolage des bijoux de la couronne au Louvre, la Cour des comptes a vivement critiqué le grand musée jeudi dans un rapport en estimant qu'il avait "privilégié des opérations visibles et attractives" au détriment de la sécurité.

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"Le vol des joyaux de la Couronne est, à n'en pas douter, un signal d'alarme assourdissant sur le rythme très insuffisant" de rénovation des équipements de sécurité du musée, a insisté le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici.

Le rapport des Sages porte sur la gestion du musée entre 2018 et 2024 et estime que sa direction "a privilégié les opérations visibles et attractives au détriment de l'entretien et de la rénovation des bâtiments et des installations techniques, notamment de sûreté et de sécurité". 

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Ainsi, par exemple, sur le grand schéma de rénovation du musée, lancé par Laurence des Cars, la présidente du Louvre, et qui s’élève à 480 millions d’euros, les Sages relèvent que seuls 80 sont consacrés à la sécurité.

Des investissements indispensables dans la rénovation du musée retardés

Comme elle l'avait déjà fait dans un pré-rapport, la Cour pointe "un retard considérable dans le rythme des investissements" face à une "dégradation accélérée" du musée qui a accueilli neuf millions de visiteurs en 2024, dont 80% d'étrangers. Elle pointe également "un retard persistant dans le déploiement d'équipements de sûreté pour la protection des œuvres" que le musée n'est "pas parvenu" à combler sur la période prise en compte.

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Ces investissements sont "pourtant indispensables pour assurer un fonctionnement pérenne de l'institution", soulignent les Sages. "Malgré d'abondantes ressources, le musée, par défaut de hiérarchisation de ses nombreux projets, est confronté à un mur d'investissements qu'il n'est pas en mesure de financer", alertent-ils.

Entre 2018 et 2024, le Louvre "a mobilisé 26,7 millions d'euros pour la mise en œuvre des travaux d'entretien et de mise aux normes et 59,5 millions d'euros pour la réalisation des travaux de restauration du palais au titre des monuments historiques" contre "105,4 millions d'euros engagés sur ses ressources propres pour l'acquisition d'oeuvres et 63,5 millions d'euros en faveur de la rénovation des aménagements muséographiques", précise le rapport.

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Une critique du grand projet "Louvre Nouvelle Renaissance"

Les Sages se montrent très sévères également sur le projet Louvre Nouvelle Renaissance, grand projet de modernisation du palais, annoncé par Emmanuel Macron lui-même. Il vise à la création d’une entrée supplémentaire du côté de la grande colonnade, ainsi que le creusement de salles d’exposition sur 22.000 mètres carrés.

Les magistrats regrettent le lancement d’une opération "ambitieuse, engagée sans études préalables, porteuse de nombreux risques, de dérapages et coûts". En clair, après une longue liste, allant d’une politique d’acquisition d’œuvres trop ambitieuse à la question de la négligence des questions sécuritaires, les Sages appellent la direction du musée à revoir d’urgence ses priorités, dans 27 recommandations opérationnelles.

La Cour des comptes n’est pas restée sans réponse longtemps. La direction du musée annonce approuver la plupart des recommandations, mais regrette un jugement insuffisamment équilibré. Le 7 novembre, Laurence des Cars a convoqué un conseil d’administration d’urgence, sur la gouvernance du musée, qui emploie 2.000 salariés, et la sécurité.

Des bijoux toujours introuvables

Le 19 octobre, des malfaiteurs ont réussi à s'introduire, avec un camion-élévateur, dans la galerie d'Apollon, où ils ont dérobé en quelques minutes des joyaux royaux et impériaux d'une valeur de 88 millions d'euros, et d'une valeur patrimoniale inestimable.

Les bijoux restent à ce jour introuvables mais quatre personnes, dont trois soupçonnées d'avoir directement participé au casse, ont été mises en examen et écrouées.