Bioéthique : l'Assemblée autorise l'autoconservation des ovocytes

Jusqu'à présent, l'autoconservation des ovocytes était autorisée pour des raisons médicales.
Jusqu'à présent, l'autoconservation des ovocytes était autorisée pour des raisons médicales. © MARCEL MOCHET / AFP
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avec AFP
Après l'ouverture de la PMA aux femmes célibataires et aux couples de femmes, les députés ont autorisé vendredi soir l'autoconservation de gamètes pour des grossesses futures, au grand dam de la droite.

L'Assemblée nationale a voté vendredi l'article du projet de loi bioéthique permettant l'autoconservation de gamètes pour des grossesses futures, au grand dam de la droite qui a dénoncé d'éventuelles pressions professionnelles et le risque de grossesses tardives. L'article 2 a été adopté par 39 voix pour et 5 voix contre.

"Différer" le projet d'avoir un enfant

"L'évolution de la société, la durée des études, l'inscription dans la vie active, la vie amoureuse, font que les femmes ont tendance à avoir des enfants de plus en plus tardivement et donc s'exposent à un risque d'infertilité", avait expliqué la ministre de la Santé Agnès Buzyn pour justifier cette mesure. "L'âge de la première procréation, aujourd'hui de 28 ans et demi, est de cinq ans plus élevé qu'il y a une ou deux générations. Ceci, en partie pour des raisons professionnelles et personnelles mais surtout en raison d'une contraception efficace", a rappelé le corapporteur du texte Jean-Louis Touraine (LREM).

"Pour permettre à ces projets parentaux tardifs de pouvoir se réaliser, nous pouvons proposer aux femmes et aux hommes de conserver leurs gamètes afin qu'ils puissent différer leur projet d'enfant", a expliqué le secrétaire d'Etat Adrien Taquet en précisant que l'intention n'était "évidemment pas d'inciter les jeunes à le faire".

Un risque de pression des employeurs ?

L'autoconservation des gamètes était jusqu'alors très encadrée et autorisée pour des raisons médicales (cancers, endométriose...). Des députés de droite ont brandi le risque de pression des employeurs pour contraindre des femmes à repousser une grossesse, les risques médicaux liés aux grossesses tardives ou encore la constitution possible "d'un marché de la procréation". "Vous jouez aux apprentis sorciers. Demain, ce seront les entreprises qui programmeront les grossesses", a lancé Valérie Boyer (LR). La gauche a salué en revanche une avancée pour le droit des femmes à choisir.

Pour éviter certains excès, le texte a prévu des limites d'âges qui seront définies par décret et la nécessité d'un consentement écrit, renouvelable et révocable. La durée de conservation a été limitée à dix ans.