Bernard Zekri : "L'affaire Booba et Kaaris ne sert pas cet art qu'est le rap"

Booba et Kaaris ont comparu jeudi au tribunal de Créteil.
Booba et Kaaris ont comparu jeudi au tribunal de Créteil. © Montage via AFP
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Clémence Olivier , modifié à
Au micro de Philippe Vandel, samedi sur Europe 1, Bernard Zekri, directeur général des "Nouvelles Editions Indépendantes" et de Radio Nova, revient sur l'impact du procès des rappeurs Booba et Kaaris sur l'image du rap. 
INTERVIEW

Un mois après leur bagarre qui avait transformé un hall de l'aéroport d'Orly en ring et retardé plusieurs vols, Booba et Kaaris, ont comparu jeudi au tribunal de Créteil. Un an de prison avec sursis a été requis contre les ennemis jurés du rap français, qui se sont renvoyés l'un et l'autre la responsabilité de la rixe. "Il y a pas mal de spectacle là-dedans", estime samedi au micro de Philippe Vandel, sur Europe 1, Bernard Zekri, directeur général des "Nouvelles Editions Indépendantes"et de radio Nova. "Je ne sais strictement pas s'il s'agit d'un coup de com' ou non, mais l'on peut penser que cela ne sert pas forcément cet art qu'est le rap", observe ce fin connaisseur de l'histoire du rap.

Booba est sur ce créneau-là. Le journaliste déplore d'ailleurs que les médias ne parlent de cette culture qu'à cette occasion. "Ça a été un apport primordial pour la langue française. Des talents en sont sortis. En parler uniquement pour cette affaire-là, ce n'est pas formidable", insiste-t-il. "Booba, c'est un artiste. Il est sur ce créneau là", détaille Bernard Zekri, qui voit dans le rappeur un genre d'hériter de Notorious Big ou de Tupac, ces rappeurs qui dans les années 1990 aux États-Unis portaient un rap "trash, bling bling et dans lequel on célébrait les gangsters".

Entendu sur europe1 :
Le rap est devenu assez universel, c'est un média, une langue

"Le rap, c'est une langue". "Mais tout le hip hop ne se résume pas à ça. Par exemple, lors des révolutions du Printemps arabe, c'est du rap égyptien ou tunisien que l'on entendait. Lorsqu'ils se sont mobilisés pour raconter leur histoire, les ouvriers de PSA ont également choisi de faire un rap, et vous avez aussi des fachos qui font du rap", rappelle le spécialiste. "Le rap est devenu assez universel, c'est un média, une langue. Elle appartient à tous les gens qui la parle. Et certains qui disent beaucoup de bêtises dans la même langue que l'on emploie vous et moi."