Malgré les évacuations successives, le camp de migrants de la porte d'Aubervilliers se reforme sans cesse. 2:00
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Justin Morin, édité par Ugo Pascolo
REPORTAGE - Alors qu'Emmanuel Macron a accordé un entretien exclusif à Europe 1 dans lequel il s'exprime sur l'immigration, notre reporter s'est rendu dans un camp de migrants, à la porte d'Aubervilliers. Certains ont un message pour le président de la République. 
REPORTAGE

Emmanuel Macron a décidé de faire de la question migratoire l'un des thèmes centraux de cette rentrée politique. Et assume d'avoir relancé de très nombreux débats sur cette question inflammable, avant un débat à l'Assemblée nationale, lundi. Dans un entretien exclusif accordé à Europe 1, le chef de l'État "comprend très bien" l'émotion suscitée par ces débats et affirme "le faire dans un cadre extrêmement apaisé". Même s'il le concède : "Aujourd'hui, nous sommes à la fois inhumains et inefficaces".

Un constat d'inefficacité qu'a voulu vérifier Europe 1 en se rendant Porte d'Aubervilliers, dans le nord de Paris, dans l'un de ces camps où vivent des centaines de personnes dans des tentes, collées les unes aux autres, à deux pas du périphérique. Un lieu dans lequel la violence, la drogue et la misère tiennent une place prépondérante. "Je ne m’attendais pas à ça", confirme Patrick, qui a fui le Congo pour arriver ici il y a neuf mois avec son diplôme d'ingénieur. "Ici, tout le monde est armé... il y a des couteaux, des bouteilles...Moi je n'aime pas les choses comme ça, mais je n’ai pas le choix parce qu'il y a toujours des bagarres", raconte-t-il. "J'ai toujours peur, ce n'est pas humain".

"Je veux étudier, avoir un diplôme et un bon travail"

A l'entrée du camp, on peut voir des cendres et une planche de bois carbonisée. Selon des Afghans, un homme désespéré a brûlé sa tente. "La plupart des gens ici sont malades, pourtant il n’y a que des jeunes ! Moi je veux étudier, avoir un diplôme et un bon travail. Mais ici, il n’y a rien à faire", explique l'un d'entre eux. "Je pense que si le président Macron pouvait déjà nous trouver un endroit pour dormir, peut-être que cela éviterait les problèmes de drogue", avance-t-il au micro d'Europe 1. 

Un peu plus loin dans le camp, Europe 1 rencontre Sidik. Ce Soudanais, qui est en France depuis novembre 2018 et qui a fui la guerre au Darfour, veut profiter de la présence d'un micro pour envoyer un message à Emmanuel Macron : "Prenez juste une minute de votre temps pour les migrants, pour régler leurs problèmes. Ne compliquez pas leur vie plus qu’elle ne l’est déjà. On passe à côté de pleins de choses : on est en dehors de la société, nos familles nous manquent, on a besoin de travailler plutôt que d’avoir des aides. On a besoin d’être comme tout le monde, parce qu’on est des humains. Aujourd’hui, notre vie est misérable et on ne sait pas quoi faire, à part attendre".

Toutes les personnes rencontrées dans ce camp attendent désespérément un rendez-vous avec l'OFPRAH, l'office en charge du statut de réfugié. L'expulsion, elle, n'est jamais envisagée.