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Sophie Mazet, autrice d’"Autodéfense intellectuelle, le retour", assure mardi sur Europe 1 que sur le terrain, les professeurs multiplient les initiatives pour lutter contre l’islamisme à l’école. Quant à la volonté du ministère de l’Intérieur de lancer un message fort à la rentrée en réaction à l’assassinat de Samuel Paty, "je ne suis pas sûre que ça soit ça dont on ait besoin", commente l’enseignante.
INTERVIEW

Face à la très forte émotion suscitée par l’assassinat, vendredi à Conflans-Sainte-Honorine, de Samuel Patyl’Education nationale réfléchit à comment envoyer un message fort à la communauté éducative et aux élèves lors de la rentrée des vacances de la Toussaint, le 2 novembre. Jean-Michel Blanquer a aussi dit son intention de mieux armer les professeurs pour lutter contre les contestations des élèves ou de leurs parents. "Heureusement qu'on n'a pas attendus ça pour continuer à faire ce qu'on fait, parce que je ne suis pas sûre que ça soit ça dont on ait besoin...", commente Sophie Mazet, autrice d’Autodéfense intellectuelle, le retour, mardi sur Europe 1.

Cette enseignante de Seine-Saint-Denis organise des "ateliers d’autodéfense intellectuelle" avec les élèves pour aiguiser leur esprit critique et aborder tous les sujets qui fâchent, dont la religion. "On peut parler d'absolument tout. On peut le faire et on doit le faire", assure l’enseignante. "Et il faut parier justement sur le fait qu'on va arriver à débattre avec les élèves et que les choses ne vont pas être bloquées. Là, dans le cas de Samuel Paty, ce n’est pas avec les élèves que les choses ont été bloquées. C'était un autre niveau."

"Ça sonne creux quand on n'est pas sur le terrain"

Sophie Mazet pense évidemment à l’intervention d’un père de famille et d’un influenceur islamiste, Abdelhakim Sefrioui, qui ont mobilisé les réseaux sociaux contre le professeur finalement assassiné. Mais pas seulement. "Avec les élèves, ça se passe plutôt vraiment bien. Et globalement, ce qui nous fait tenir, c'est quand on a un soutien de notre hiérarchie", précise la prof d’anglais. "Nous, les chefs d'établissement nous soutiennent, en tout cas là où j'enseigne. Mais le soutien de la hiérarchie, la cohérence, la cohésion de l'institution, c'est essentiel. Et je pense que là, ça a été un gros problème dans ce qui s'est passé pour notre malheureux collègue", accuse-t-elle.

Car selon elle, malgré les grandes déclarations de Jean-Michel Blanquer, les professeurs sont trop souvent livrés à eux-mêmes. "Quand on nous parle de porter les valeurs républicaines, quand on nous parle de porter les valeurs de la liberté d'expression, la laïcité, etc., j'ai l'impression que ça sonne creux quand on n'est pas sur le terrain", affirme Sophie Mazet. "Et finalement, nous, sur le terrain, on le fait déjà parce qu’on sait que c'est ça qu'il faut faire. Mais toutes ces injonctions qui viennent de plus haut alors qu'on n'est pas soutenus, ça ne sert absolument à rien."