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Clément Bargain, édité par Solène Leroux , modifié à
Gérald Darmanin a proposé d'encadrer militairement les jeunes délinquants qui sévissent à Mayotte, afin de les "rééduquer". C'est aujourd'hui la seule alternative à la prison pour les mineurs délinquants. En France, il y a 52 centres éducatifs fermés et une vingtaine en projet de construction.

En déplacement à Mayotte, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a proposé d'encadrer militairement les jeunes délinquants qui sévissent sur l'île, afin de les "rééduquer". Quelques jours plus tôt, Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, a annoncé l'ouverture d'un centre éducatif fermé sur l'île. C'est aujourd'hui la seule alternative à la prison pour les mineurs délinquants. En France, il y a 52 centres éducatifs fermés et une vingtaine en projet de construction. Il y a douze jeunes délinquants maximum par centre, âgés de 13 à 18 ans. Ils suivent des cours de maths, de français, et font des activités sportives en vue de leur réinsertion.

"Pas la solution miracle"

Pourtant, ces structures ne répondent pas toujours à leurs besoins, selon Odile Barral. "On a mis énormément d'argent et d'investissement sur les centres éducatifs fermés et on a très peu d'autres structures", explique la juge des enfants à Toulouse et membre du syndicat de la magistrature.

"Nous, les juges des enfants, ce qu'on regrette, c'est qu'il n'y ait pas des solutions plus diversifiées, plus individualisées. Parce que créer des groupes d'adolescents très difficiles, ayant parfois des profils psychiatriques, ce n'est pas forcément la solution miracle", assure-t-elle.

Première expérimentation entre 1984 et 2004

Mais le recours à des militaires pour encadrer les mineurs délinquants, ce n'est pas la solution pour Vito Fortunato, éducateur en prison et co-secrétaire du Syndicat national des personnels de l'éducation et du social de la protection judiciaire de la jeunesse. "Les militaires ne sont pas du tout formés pour la prise en charge de jeunes en difficulté", dit-il au micro d'Europe 1.

"La problématique des jeunes qui sont en déserrance ne peut être traitée que par des professionnels qualifiés : des éducateurs, des professeurs, des psychologues, des assistants de service social", énumère l'éducateur. L'encadrement par des militaires a déjà été expérimenté entre 1984 à 2004, sous l'appellation "Jeunes en équipe de travail". Deux ans après leurs stages, plus de 60% des mineurs qui s'étaient portés volontaires étaient retombés dans la délinquance.