Anne Soupa 6:20
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Europe 1 , modifié à
Invité d'Europe 1, la théologienne Anne Soupa milite pour que l'Eglise accorde aux femmes des postes de responsabilité. Elle a elle-même candidaté auprès du Vatican pour pour succéder au cardinal Barbarin à Lyon.
INTERVIEW

Théologienne, elle est la première femme candidate à la charge d’archevêque. Anne Soupa, présidente du Comité de La Jupe, une association qui vise à promouvoir la place des femmes dans l’Eglise catholique, a postulé à l’archevêché de Lyon suite à la démission du cardinal Barbarin, un poste éminemment symbolique. "Plus il y aura de femmes, moins il y aura d’abus", assure-t-elle au micro d’Europe 1.

Pour l’heure, le Vatican ne lui a pas encore répondu. "Il y aura moins d’abus, non pas parce que les femmes y sont moins sujettes, mais parce que ça introduit de la différence. Ça rompt l’entre-soi clérical, où l’on n’a pas envie de dénoncer quelqu’un avec qui l’on travaille tous les jours", explique Anne Soupa, alors que le primat des Gaules, relaxé en appel de non-dénonciation d'agressions sexuelles sur mineurs, a finalement quitté sa fonction . "L’entre-soi n’est pas le dernier mot dans l’Eglise, il faut s’ouvrir au souci des victimes. Un regard différent y aiderait beaucoup je crois."

"Dans l’Eglise, on regarde un peu trop les femmes sous l’angle de la sexualité"

Cette militante féministe chrétienne assure que Le Nouveau Testament n’est pas sexiste, et dénonce plutôt le regard porté par le clergé sur les femmes. "Dans l’Eglise, on regarde un peu trop les femmes sous l’angle de la sexualité", s’agace-t-elle. "C’est un travers. Le regard des hommes d’Eglise est hypersexualisé, ils voient les femmes comme épouses ou mères, mais pas comme des êtres humains capables de mener leur vie comme elles l’entendent", poursuit la théologienne. "Là, il y a un très gros travail à faire, un dialogue à entreprendre. Il faut faire sauter ces pesanteurs d’un autre âge."  

"La période la plus favorable pour les femmes dans l'Eglise a été celle de Jésus, car Jésus n’a jamais fait de différence entre les hommes et les femmes", relève-t-elle. "Il y a eu une régression, en partie due au pontificat de Jean-Paul II qui a séduit les femmes par un discours extrêmement louangeur, mais qui n’a absolument rien fait pour améliorer leur insertion dans les responsabilités", déplore encore Anne Soupa, qui réclame la décanonisation de l’ancien pape.