Affaire Boulin : la famille assigne l'Etat pour "faute lourde"

Fabienne Boulin assigne l'Etat en justice.
Fabienne Boulin assigne l'Etat en justice. © AFP
  • Copié
Europe 1 avec AFP , modifié à
La fille de l'ancien ministre Robert Boulin assigne l'Etat en justice pour "faute lourde". Elle dénonce le manque d'avancée dans l'instruction et accuse les magistrats de ne "pas travailler" en ce sens selon son avocate. Elle demande 100.000 euros de réparation du préjudice. Le tribunal n'a pas réagi.  

La fille de Robert Boulin, ministre retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet en 1979, a assigné l'Etat pour "faute lourde" devant le tribunal judiciaire de Paris, dénonçant le manque d'avancées dans l'instruction, a-t-on appris jeudi auprès de son avocate Marie Dosé. Elle accuse les deux magistrats instructeurs de Versailles (Yvelines) de ne "pas travailler" pour faire avancer l'enquête. Elle demande 100.000 euros à l'Etat en réparation du préjudice. Aucune réaction n'a pu être obtenue dans l'immédiat auprès du tribunal judiciaire ni du parquet de Versailles, sollicités par l'AFP.

"Cela fait 42 ans que j'attends que la justice se fasse"

"Je ne désespère pas de la justice car je suis résolument démocrate mais cela fait 42 ans que j'attends que la justice se fasse, je suis très patiente mais cela abîme notre démocratie de ne pas tout faire pour connaître la vérité sur la mort de mon père", a également déclaré de son côté à l'AFP Fabienne Boulin-Burgeat, confirmant une information du journal Le Monde.

Le corps de Robert Boulin avait été retrouvé le 30 octobre 1979 au matin, dans 50 cm d'eau dans l'étang du Rompu à Saint-Léger-en-Yvelines (Yvelines). Immédiatement après sa mort, il avait été annoncé que le ministre du Travail de Valéry Giscard d'Estaing, 59 ans, s'était suicidé après avoir absorbé des barbituriques. L'affaire avait initialement été classée comme un suicide avant qu'une enquête ne soit ouverte à la suite d'une plainte de la famille en 1983. Cette dernière s'est conclue par un non-lieu en 1991.

Dossier rouvert en 2015

En 2015, la justice a décidé de rouvrir le dossier pour "enlèvement" et "assassinat", à la suite d'une plainte de Mme Boulin-Burgeat. Elle a toujours soutenu qu'il s'agissait d'un assassinat politique et non d'un suicide. "Cinq ans plus tard, plus de vingt-cinq témoins attendent toujours d'être entendus, si tant est qu'ils en soient capables ou, pire, que certains ne soient pas décédés entre temps", regrettent dans un communiqué transmis à l'AFP Fabienne Boulin-Burgeat et Me Dosé, précisant que "quatre témoins sont morts".

Déplorant le "dépérissement des preuves", elles insistent: "Cette série de déficiences dans la recherche des causes de la mort de Robert Boulin traduit l'inaptitude du service public de la justice à remplir la mission dont il est investi et caractérise une faute lourde de l'État". Elles assurent qu'aucun acte d'instruction n'a été "fixé" depuis des mois.