Pourquoi l'Agence spatiale européenne souhaite contrôler la chute d'un satellite en fin de vie

L'ESA tente de contrôler la chute du satellite Aeolus.
L'ESA tente de contrôler la chute du satellite Aeolus. © AFP PHOTO / ESA
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Romain Rouillard / Crédit photo : AFP PHOTO / ESA
Après cinq ans de mission dans l'espace, où il a notamment permis d'améliorer certaines données météorologiques, Aeolus, un satellite lancé par l'Agence spatiale européenne, est désormais en fin de vie. Et alors qu'il se dirige actuellement vers la Terre à vitesse soutenue, l'ESA planche sur une manœuvre inédite pour contrôler sa chute.

En mai 2020, un village de Côte d'Ivoire a reçu la visite d'une grande tige en métal, provenant d'un satellite chinois. Une chute vertigineuse qui aurait pu se révéler mortelle pour la population mais qui n'a finalement fait aucune victime. Afin d'éviter que ces risques ne se multiplient, au regard du nombre croissant de satellites dans l'espace, l'ESA, l'Agence spatiale européenne, s'apprête à lancer une manœuvre inédite visant à contrôler la chute et l'entrée dans l'atmosphère du satellite Aeolus. 

Cette structure, que l'ESA avait elle-même lancée dans l'espace en 2018, a notamment fourni de précieuses données aux centres météorologiques mondiaux, permettant une amélioration significative des prévisions. Selon l'Agence, ce satellite a "dépassé toutes les attentes placées en lui" mais compte tenu de sa réserve en carburant, quasiment épuisée et devant l'intensification de l'activité solaire, l'ESA a décidé de mettre un terme à sa mission. Par conséquent, le voilà qui plonge actuellement vers la Terre à une vitesse d'environ 1km par jour depuis son altitude estimée à 320km. Une allure qui pourrait même s'accélérer prochainement, indique l'ESA dans un communiqué.

Le satellite pourrait atterrir dans l'Océan Atlantique

D'où la volonté de l'Agence d'accompagner l'entrée dans l'atmosphère d'un engin conçu pour retomber au sol de la même manière que ses équivalents chinois mentionnés plus haut. "Cette tentative de rentrée assistée va au-delà des règles de sécurité de la mission, qui a été planifiée à la fin des années 1990", appuie Tim Flohrer, responsable de l'office des débris spatiaux à l'ESA. 

Concrètement, l'ESA compte mettre à profit le peu de carburant restant dans le réservoir d'Aeolus afin de le guider vers une position optimale de rentrée dans l'atmosphère. Les opérations ont débuté voici quelques heures, une la satellite ayant atteint l'altitude de 280km. Plusieurs étapes permettront de contrôler la descente de l'engin avant une ultime manipulation prévue d'ici au 28 juillet. Il s'agira de guider Aeolus vers une zone géographique préalablement définie, en l'occurrence une longue étendue en plein milieu de l'Océan Atlantique. Un point "aussi éloignée que possible d'une terre", précise le compte Twitter dédié. 

"Etablir une nouvelle norme pour la sécurité et la durabilité de l'espace"

Un éventuel succès de l'opération ouvrirait la voie à d'autres procédures du même ordre. "Nous sommes convaincus que nous pouvons réussir avec cet effort pionnier qui établira une nouvelle norme pour la sécurité et la durabilité de l'espace maintenant et à l'avenir", indique Tommaso Parrinello, responsable de la mission Aeolus. Néanmoins, en dépit de l'augmentation du trafic spatial, le risque de voir la toiture de sa maison malmenée par un morceau de satellite demeure extrêmement faible. "On a 65 000 fois plus de chance de se prendre la foudre", illustre Dominique Guillieron, responsable des missions scientifiques d’observation de la Terre dans les colonnes du Parisien