Bernard Alezra, ancien médecin, a été affecté au service des urgences. Il dit avoir rencontré "des gens extraordinaires". 2:00
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Séverine Mermilliod
Bernard Alezra, un médecin retraité, anesthésiste-réanimateur, est retourné travailler à l'hôpital volontairement pour aider dans la lutte contre le coronavirus. Au micro d'Europe 1, il rend hommage à ses collègues qui ont "plongé dans la piscine à covid sans hésiter !", malgré les manques de matériel qui l'ont choqué.
TÉMOIGNAGE

"J’étais médecin, je ne pouvais pas dire à mes proches que je n’y allais pas. Je n’ai pas eu le choix”, raconte Bernard Alezra, un médecin retraité, anesthésiste-réanimateur, qui est retourné travailler à l'hôpital volontairement, après avoir entendu Emmanuel Macron parler de "guerre", pour aider à lutter contre le coronavirus. Au micro d'Europe 1, il a rendu hommage à ses collègues qui ont "plongé dans la piscine à covid sans hésiter !"

"J'ai rencontré des gens extraordinaires"

Bernard Alezra a été affecté au service des urgences, à l'entrée d'un grand hôpital parisien, pour l'accueil et l'orientation des patients. "J'ai rencontré des gens extraordinaires; des externes qui se sont portés volontaires, des étudiants à qui on n'avait rien demandé, des internes qui se sont faits détacher de leur service pour venir en première ligne, des aides-soignants, infirmières, des agents de service, qui ont fait le boulot. A aucun moment ils n’ont cherché à se défiler, et ont plongé dans la piscine à covid sans hésiter !", a-t-il témoigné.

L'ancien anesthésiste-réanimateur s'est dit "touché, c'est bête à dire, par le camion à pizza devant les urgences de l’hôpital, stationné tous les jours pour distribuer des pizzas aux soignants, les grands traiteurs qui livraient des repas tous les jours pour le personnel". Quant aux applaudissements des Français, il a estimé qu'il s'agissait d'une reconnaissance pour "le travail et l’engagement de tous ces gens qui ont fait le boulot".

"Il y a surtout des gens que je vais garder en mémoire", a-t-il confié. "Cette ancienne championne de boxe thaï qui venait faire son travail d’aide-soignante tous les jours sans rechigner, cet ancien cuisinier chinois à la retraite qui venait parce qu’il était inquiet"..

Des manques "inconcevables" pour un grand hôpital

Mais si Bernard Alezra assure avoir reçu "un accueil formidable de la part de tous les soignants alors qu’ils ne me connaissaient pas", et ce malgré le "flux incessant" de patients arrivés à l'hôpital dès le début de la crise, il a constaté de nombreuses pénuries qui l'ont beaucoup heurté.

"J'ai étés surpris et heurté par certains manques, de masques, l'absence de surblouses… [...] Les grandes structures sont sans doute très difficiles à gérer, mais j’ai été surpris de ne pas retrouver l’abondance que j’avais connue", détaille le médecin qui a travaillé par le passé dans de petites structures et le privé. "Cela m’a contrarié, ça m’a choqué, ça m’a surpris. Vous êtes dans l’un des plus grands hôpitaux de France, et ce n’est pas normal de ne pas avoir de surblouses et de visières de protection qui soient homologués. C'est inconcevable".

Le médecin appelle enfin à "ce que l’on reconnaisse le travail des aides-soignants, qu’on ne dise pas après avoir les avoir mis en première ligne que leur travail n'est pas utile".