Tabac, alcool… comment lutter contre son addiction pendant le confinement ?

La tentation de fumer peut se faire pressante pendant le confinement.
La tentation de fumer peut se faire pressante pendant le confinement. © LOIC VENANCE / AFP
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La période de confinement peut être délicate à vivre pour les personnes dépendantes, notamment au tabac et à l’alcool. L’addictologue Michel Reynaud a livré ses conseils lundi après-midi, dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1.
INTERVIEW

Pendant le confinement, la tentation de boire un verre de vin ou d’allumer une cigarette est forte. Pour les personnes dépendantes, que ce soit à l’alcool, au tabac ou à la drogue, cette période présente de réels dangers. "Cette situation de confinement est une situation de stress. Les plus solides socialement, professionnellement et familialement s’en sortiront mais les plus vulnérables auront du mal. La tentation des addicts est donc de reprendre une cigarette, ou un verre par exemple", prévient l’addictologue Michel Reynaud, qui a donné quelques conseils pour soigner, ou du mois limiter son addiction dans l’émission Sans rendez-vous, lundi sur Europe 1.

Ne pas partager une cigarette ou un joint

Michel Reynaud, qui est également président du Fond action addiction, a d'abord tenu à déplorer le peu de protections données aux soignants s'occupant de personnes addicts. "Les soignants des addicts ont été abandonnés à eux mêmes, encore pire que dans les Ephad. Ils n’avaient pas de masques, ni aucune information pratique. Mais avec leur bonne volonté, ils ont quand même mis en place la possibilité de consultations protégés. Les consultations à distance se sont également développées", a noté l'addictologue, qui préconise aux personnes dépendantes de ne surtout pas partager un verre ou une cigarette.

"Un certain nombre de consignes ont été données : il ne faut pas partager une cigarette ou un joint avec quelqu’un, pas plus que le matériel de snif", demande-t-il. 

Ne pas normaliser la consommation d’alcool

Depuis le début du confinement, la mode des "apéros skype" permet de garder du lien social avec ses amis et ses proches. Mais Michel Reynaud prévient : "C’est toujours le même problème, il ne faut pas normaliser la consommation d’alcool. Ce qui est plus inquiétant, c’est la reprise de consommations pathologiques chez les plus fragiles. Cela induit aussi un risque d’augmentation des violences conjugales", s'inquiète-t-il. 

"La consommation d’alcool festive parfois massive, en soirée ou dans les bars, va diminuer, donc il y aura une diminution des risques. En revanche, pour ceux qui boivent parce qu’ils sont tendus ou en souffrance, la réponse alcool va forcément venir", poursuit l'addictologue. 

Trouver de l’aide sur les réseaux sociaux

Michel Reynaud conseille également aux personnes dépendantes de se tourner vers les réseaux sociaux. "On a développé des réponses avec les forums d’entraide, on a ouvert une page sur le coronavirus où les gens peuvent s’exprimer sur leurs difficultés avec l’alcool ou le cannabis", assure le président du Fond action addiction. 

"Ce qui marche énormément ce sont les groupes Facebook du type ‘je ne fume plus’ ou ‘je ne bois plus’. Ces groupes offrent beaucoup de soutien, il ne faut pas hésiter à les consulter. Les 'Alcooliques anonymes' et les 'Narcotiques anonymes' ont aussi des groupes sur les réseaux sociaux."